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et complètes de MM. Vyse et Perring, il n’est pas resté dans les pyramides un coin pour les mystères ou le mystère.

La grande pyramide, qui au dehors ne présente aucun hiéroglyphe, en offre au dedans un bien petit nombre ; mais ils sont d’une haute importance, parce qu’ils confirment le témoignage des anciens, qui attribuent cette pyramide à un roi nommé Chéops ou Souphis. Or, le nom d’un roi Choufou est écrit en hiéroglyphes très distincts dans l’intérieur de la grande pyramide. Personne ne doute que Chéops et Souphis ne soient deux altérations diverses de Choufou. Ce nom n’a point trouvé dans la salle du sarcophage, mais dans les petites chambres de soulagement situées au-dessus. Les hiéroglyphes sont de couleur rouge et mêlées à des marques semblables à celles qu’on voit dans les anciennes carrières d’Égypte. De plus ils ne se rencontrent sur aucune des pierres provenant de l’emplacement même des pyramides, mais seulement sur celles qui ont été apportées, à travers le fleuve, des carrières de Tourah. Tout conduit donc à penser que le nom du roi Chéops et les hiéroglyphes dont il est accompagné ont été tracés dans les carrières. Ces hiéroglyphes n’en sont pas moins précieux et n’en font pas moins remonter l’extraction des matériaux des pyramides à cet antique roi. Il est fort difficile de reconnaître les autres hiéroglyphes qui se voient sur ces pierres : ils sont tracés avec une grande négligence. On aura peut-être quelque peine à déchiffrer dans six mille ans une ligne griffonnée de nos jours sur un moellon par quelque entrepreneur en bâtimens ou quelque maître maçon. Voila où nous en sommes pour les caractères disséminés sur les pierres de la grande pyramide. Cependant ce sont de vrais hiéroglyphes, et il ne faut pas, comme Caviglia, y voir de l’hébreu.

La seconde pyramide diffère peu en hauteur de la première ; cette différence est rendue encore moins sensible par l’élévation plus grande du rocher sur lequel elle est assise ; mais la construction intérieure est bien loin d’égaler en beauté celle de la grande pyramide La chambre sépulcrale est taillée, comme je l’ai dit, dans le roc, et non ménagée dans la maçonnerie. L’entrée en fut découverte par Belzoni, qui montra en cette circonstance, comme toujours, une sagacité et un coup d’œil incomparables. Vrai limier d’antiquités, il devinait ici leur présence à travers les débris amoncelés par le temps, comme à Thèbes dans les profondeurs de la montagne. Selon Hérodote, cette pyramide fut construite par le roi Chéfren. On n’a pas été aussi heureux pour Chéfren que pour Chéops ou Souphis, on n’a pas trouvé son nom dans la pyramide mais, dans un des tombeaux voisins, on a lu Chafra, et ce nom royal est accompagné d’un titre hiéroglyphique où figure, une pyramide ; on a donc tout lieu de croire que ce Chafra est le Chéfren d’Hérodote et de Diodore de Sicile.