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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 octobre 1846.


Il est possible maintenant d’embrasser dans son ensemble la question espagnole. Sur cette grande affaire, notre langage a été, dès l’origine, net et positif, parce que notre conviction était profonde. Chemin faisant, nous avons pu justifier notre opinion par des renseignemens qui ont été fort remarqués, et qu’ont reproduits plusieurs des organes les plus importans de la presse non-seulement en France, mais en Angleterre et en Allemagne. Aujourd’hui un dénouement heureux a mis un terme à tous les doutes, à toutes les inquiétudes. Le retour des princes et l’arrivée en France de Mme la duchesse de Montpensier permettent de porter sur la situation un jugement complet et impartial.

Si nous n’avions vu dans le double mariage qu’une satisfaction donnée à des sentimens de famille, nous n’eussions pas accordé à cette négociation une attention aussi sérieuse ; mais comment, en présence des rapports intimes qu’établissent entre la France et l’Espagne le voisinage, les souvenirs historiques et les traités tant anciens que nouveaux, comment pouvait-on refuser à une pareille affaire une véritable importance politique ? Sans doute on doit toujours mettre en première ligne les besoins et les intérêts des peuples ; seulement, pour arriver à servir ces intérêts et ces besoins, il faut recourir à des combinaisons, à des moyens qu’on appellera, si l’on veut, secondaires, mais dont la nécessité n’est pas moins réelle. Ces combinaisons, ces moyens, nous les trouvons dans les alliances des familles royales, dans l’avènement des dynasties. De nos jours, un écrivain éminent a mis en toute lumière cette vérité politique, que l’histoire constate à chaque pas, et c’est précisément en nous initiant au secret des négociations relatives à la succession d’Espagne sous Louis XIV, que M. Mignet nous a signalé la toute-puissance des causes générales derrière les causes secondaires de mariages, de dynasties et de lois de succession. Nous étions donc d’accord avec les meilleurs esprits,