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médecine, la Société médicale pratique, la Société médicale d’émulation, les sociétés du Xe et du XIIe arrondissement, celle du Temple, sans compter les sociétés de chirurgie, de pharmacie, de phrénologie, etc.

Au point de vue de l’importance scientifique, le premier rang appartient sans conteste à l’Académie royale de médecine. Cette compagnie, qui succède à l’ancienne société royale de médecine et à l’ancienne société de chirurgie, est tout à la fois une institution scientifique et un conseil permanent de haute administration sanitaire. Sa mission pratique est de propager la vaccine, d’éclairer le gouvernement sur les épidémies, les épizooties, les différens cas de médecine légale et d’hygiène publique, les remèdes nouveaux ou les remèdes secrets ; elle est chargée, en outre, de continuer les travaux de la société royale de médecine et de l’Académie royale de chirurgie, et de s’occuper de tous les objets d’étude et de recherche qui peuvent contribuer aux progrès des différentes branches de l’art de guérir.

En bien des points, l’Académie de médecine est restée fidèle à son programme, mais on lui reproche, et ces critiques paraissent fondées, d’avoir sacrifié quelquefois les intérêts de la science à ceux de la clientelle, les intérêts publics aux ambitions particulières, et de s’être montrée indulgente à l’excès dans des rapports approbatifs. Les jeunes praticiens lui opposent même avec une certaine fierté la Société médicale d’émulation. Cette association très active s’attache avant tout au progrès scientifique, et nous ajouterons à son honneur qu’elle se montre très sévère à l’égard du charlatanisme, et qu’elle prononce l’exclusion contre ceux de ses membres qui se déconsidèrent par l’exploitation de médicamens empiriques ou des annonces effrontées.

Sous le rapport scientifique, les sociétés médicales ont eu, dans ces dernières années, une incontestable influence. Ce n’est pas qu’elles aient fait de grandes découvertes, ou qu’elles aient opéré d’importantes révolutions : — ce sont là des choses qu’il ne faut demander qu’à ces hommes rares, qui apparaissent de loin en loin, pour marquer de leur nom toute une époque ; — mais, du moins, elles ont éclairé, par la discussion, des points intéressans, elles ont réuni un nombre considérable d’observations, et, comme leurs travaux sont édités, pour la plupart, dans les journaux et les recueils spéciaux, elles ont fait circuler dans le public médical une foule de notions nouvelles. Elles ont soumis à des examens sévères des théories souvent aventureuses, et, par la solidarité morale qu’elles établissent entre tous leurs membres, elles ont opposé une digue au charlatanisme. Au point de vue pratique, elles ont rendu aux classes indigentes d’immenses services ; ainsi les sociétés du Xe et du XIIe arrondissement, ainsi que celle du Temple, sont de véritables succursales des bureaux de bienfaisance qui n’ont jamais compté avec le pauvre. Les membres de ces associations donnent des consultations gratuites, font des visites, et la concurrence est si grande, même à la porte de l’hôpital, qu’on ne saurait trop louer les personnes bienfaisantes de multiplier ainsi les secours, de suppléer par le dévouement individuel, qui, Dieu merci, n’est pas éteint dans tous les cœurs, à l’insuffisance des ressources de l’administration.

Moins nombreuses que les sociétés de médecine, mais non moins actives, les associations agricoles et industrielles ont pris dans ces dernières années une importance qui tend à s’accroître chaque jour. L’agriculture est représentée à Paris