Vous m’avez donné votre parole, monsieur le Comte, pour la sûreté de celui lui aujourd’hui à minuit…
Un gentilhomme de vieille souche n’a qu’une parole : Jésus et mon sabre !
Marie et notre sabre ! Vive notre seigneur !
Adieu, citoyen. Maintenant à moi les miens, à moi les miens ! Jésus et Marie !
Couchez-vous ici et ne faites pas de bruit. Évitez soigneusement de battre le briquet, même pour allumer votre pipe. Au premier coup de pistolet, accourez à mon secours ; sinon attendez jusqu’au jour.
Citoyen, une dernière fois encore je te, conjure…
Tapis-toi au pied de ce sapin et dors.
Laisse-moi au moins t’accompagner. C’est un seigneur, un aristocrate, un homme auquel il n’y a pas à se fier.
La vieille noblesse a rarement manqué à sa parole.
Jadis, à la même heure, au milieu de pareils dangers et de pensées semblables aux miennes, le dernier des Brutus vit son mauvais génie. Je m’attends à une vision de la même nature. Dans un moment, je verrai devant moi un homme qui n’a pas d’ancêtres, qui n’a pas de nom, qui n’a pas d’ange gardien, un homme qui sort du néant et commencera peut-être l’époque, si je ne l’écrase, si je ne le repousse dans le néant d’où il est sorti. Mes pères, inspirez-moi ce qui vous a rendus les maîtres du monde ; replacez dans ma poitrine vos cœurs de lion ; que la majesté et l’austérité de vos fronts viennent ceindre une tête soi mise ; que la foi en Jésus-Christ et en son église, une foi brûlante et aveugle, la source de vos hauts faits sur la terre et de votre espérance dans les cieux, se rallume en moi, et je porterai le fer et la flamme au milieu de ces fils de la terre, moi, fils de cent générations d’hommes, le dernier héritier de la pensée de vos vertus et de vos fautes. (Minuit sonne.) Maintenant je suis prêt.
Exellence, l’homme que l’on attendait est arrivé et demande à être introduit.