Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 16.djvu/389

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour avoir su renverser le problème des perturbations planétaires ; c’est pour avoir eu le courage et l’habileté de conduire jusqu’au bout, sans jamais se tromper, des calculs capables d’effrayer les plus intrépides, que M. Le Verrier s’est placé si haut dans l’estime des savans. Désormais une route nouvelle est ouverte aux recherches des astronomes : quoiqu’on ne puisse pas espérer de la voir parcourue souvent avec autant de bonheur, cependant il serait téméraire d’affirmer que certaines irrégularités dans le mouvement de quelqu’un des corps qui composent notre système planétaire, ne conduiront pas les astronomes à constater plus tard, d’une manière analogue, l’existence d’une autre planète inconnue. S’il nous était permis de faire une remarque au sujet de ce genre de travaux, nous dirions qu’à notre avis le temps approche où l’on pourra rechercher, peut-être, si, parmi les phénomènes astronomiques, il n’y en aurait pas quelques-uns qui permettraient de déterminer, d’une manière approximative du moins, l’action totale que les astres disséminés dans l’espace doivent exercer sur l’ensemble de notre système planétaire. Quelque petite qu’elle soit, à la longue une telle action ne saurait être négligée. Peut-être, si le soleil a un mouvement de translation, comme certaines observations paraissent l’annoncer, c’est là la cause de ce mouvement. Puisqu’on a déterminé l’action calorifique qu’exercent sur nous dans leur ensemble les astres les plus éloignés, ne pourrait-on pas essayer de résoudre un problème analogue à l’égard de la gravitation ? La détermination effectuée récemment de la distance à laquelle nous nous trouvons de certaines étoiles semble pouvoir fournir les premiers élémens au moins d’une pareille recherche.

Nous ne dirons qu’un mot d’un incident tout-à-fait secondaire qui s’est élevé au sujet de la découverte de M. Le Verrier : quel nom donnera-t-on à la nouvelle planète ? Malgré les observations judicieuses de M. Thénard et de M. Poinsot, M. Arago persiste à appeler cet astre du nom de M. Le Verrier. Nous craignons que cette dénomination ne soit pas adoptée par les astronomes qui déjà ont substitué le nom d’Uranus à celui d’Herschell, et qui n’ont pas voulu donner à deux des petites planètes le nom de M. Olbers qui les avait découvertes. D’ailleurs, qu’arriverait-il, si, comme on l’avance actuellement, la nouvelle planète n’était autre chose qu’un astre découvert en 4831 par M. Wartmann de Genève, et annoncé alors par lui comme une nouvelle planète ? Nous ne préjugeons rien sur ce point ; les observations de M. Wartmann ont été publiées dans le compte rendu de la séance du 28 mars 1836 de l’Académie des Sciences de Paris. C’est aux astronomes de profession à décider la question.

Dans une prochaine occasion, nous parlerons du coton fulminant inventé par M. Schoenbein en Allemagne, et dont M. Morel paraît avoir trouvé chez nous le secret. Les expériences qu’on a pu faire sur ce coton ne semblent pas encore suffisantes pour juger de l’utilité d’une telle invention.




HISTOIRE DE LA SICILE SOUS LA DOMINATION DES NORMANDS, par le baron de Bazancourt[1]. — Vers le milieu du XIe siècle vivait, retiré au fond de son

  1. Librairie d’Amyot, rue de la Paix, 6.