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ETUDES


SUR LE


ROMAN ANGLAIS ET AMERICAIN.




LES CONTES D'EDGAR A. POE.[1]
Le Scarabée d’Or. — Le Chat noir. — La Révélation magnétique. — Une Descente au Maelstrom. — Monos et Una. — Eiros et Charmion. — Le Mystère de Mary Rogers. — La Lettre volée. — L’Homme des Foules, etc.




Connaissez-vous l’Essai philosophique sur les Probabilités ? C’est un des livres où l’audace de l’esprit humain se révèle le mieux et va le plus loin. Après l’entreprise de Prométhée, allant dérober sur l’autel des dieux la flamme qui ne s’est plus éteinte, on n’en a guère vu d’aussi hasardeuse que celle des hommes qui ont voulu soumettre à leurs calculs l’ordre muable, incertain, mystérieux, des destinées, pénétrer dans le domaine obscur de l’avenir, réduire en chiffres les chances du hasard, et, dans ces myriades de combinaisons qu’embrasse ce seul mot : le possible, introduire l’algèbre armée de ses formules rigoureuses, de ses inflexibles déductions. Aussi le livre de Laplace exerce-t-il une véritable fascination sur certains esprits que la puissance du raisonnement subjugue, enivre, et sur lesquels une vérité nouvelle agit comme une pipe d’opium, une cuillerée de hachich. Ils en font

  1. Tales by Edgar A. Poe. — New-York and London. Weley and Putnam, 1845.