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malheur arrivé à mon enfant ? (Se levant.) Taisons-nous. Dieu se moque de mes et Satan de mes imprécations.

UNE VOIX.

Ton fils est poète. Que demandes-tu de plus ?

Le médecin. — Le parrain.
LE PARRAIN.

En vérité, c’est un grand malheur d’être aveugle.

LE MÉDECIN.

Et à un âge aussi jeune ; c’est extraordinaire.

LE PARRAIN.

Il était d’une faible complexion, et sa mère est morte un peu…

LE MÉDECIN.

Comment ?

LE PARRAIN.

Battant la campagne… Vous comprenez… (Le Comte entre.)

LE COMTE.

Vous me pardonnerez, messieurs, de vous avoir fait venir aussi tard ; mais, depuis quelques jours, et sur l’heure de minuit, mon fils semble se réveiller, et alors il parle comme dans un songe. Suivez-moi.

LE MÉDECIN.

Allons, je suis curieux de connaître ce phénomène.

Chambre à coucher. — Une domestique. — Parens. — Le parrain, le médecin, le Comte.
UN PARENT.

Faites silence.

SECOND PARENT.

Il s’est réveillé, mais il n’entend rien.

LE MÉDECIN.

Que personne ne parle, je vous prie.

LE PARRAIN.

C’est vraiment quelque chose de merveilleux, d’extraordinaire.

GEORGE, se levant.

Mon Dieu ! mon Dieu !

UN PARENT.

Comme il marche lentement !

UN AUTRE PARENT.

Il a les mains croisées sur la poitrine.

UN TROISIÈME PARENT.

Ses paupières sont immobiles, ses lèvres ne remuent pas, et cependant il fait entendre une voix aiguë et traînante.

LA DOMESTIQUE.

Jésus de Nazareth !