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sont aussi en cuivre, ils ne décorent que de très petits personnages, et surtout des agens de police. Le bouton est de création tartare : il a un sens allégorique, et figure, dit-on, une pierre destinée à faire plier l’indépendance de la nation.

La coiffure du Chinois varie selon la saison. En été, c’est un cône bas et évasé en paille ou en soie, en hiver, c’est une coiffure hémisphérique en feutre noir, à bords relevés. Un panache rouge en crins ou en fils de soie descend toujours du haut du chapeau, et s’arrête à ses bords. Le chapeau est maintenu sur la tête par un cordon qui passe sous le menton. La plume de paon ne sert point à désigner une classe particulière de mandarins : ce n’est qu’une distinction honorifique. Longue d’un peu plus d’un pied, elle se place à l’arrière du bonnet, de manière à longer le dos d’assez près. Les mandarins en négligé et les Chinois de la classe moyenne portent, dans leur intérieur et quelquefois dans leurs courses en ville, une petite calotte noire surmontée d’une espèce de torsade rouge ou dorée, formant un nœud. La coiffure des coulis, ou gens de la basse classe, est, pendant les chaleurs, tantôt un large chapeau de paille ou d’osier, légèrement conique et imitant la forme d’un bouclier, tantôt un cône comme celui des mandarins, mais formé de branches tressées, peintes en jaune clair, et souvent bariolées de bandes bleues, rouges et noires. On leur voit aussi des chapeaux d’écorce ou de paille imitant une cuvette renversée. En hiver, ils portent un capuchon noir ou un bonnet de drap-feutre brunâtre très grossier.

Les mandarins sortent rarement sans avoir à leur côté un petit fourreau bigarré et luisant qui renferme leurs faï-tsz, baguettes d’ivoire dont ils se servent à leurs repas en guise de fourchettes. Une pipe, une blague à tabac, un joli petit flacon servant de tabatière, sont suspendus à leur ceinture par des cordons de couleurs variées. Le surtout nommé taï-koua recouvre ordinairement tous ces colifichets. Les mandarins portent aussi par-dessus leurs habits de cérémonie un collier à gros grains, ordinairement en corail, qui descend jusqu’à la ceinture.

Le deuil amène diverses modifications dans le costume des classes moyennes. Le deuil de père et de mère se porte blanc, au dire de tous les Chinois ; je me souviens cependant d’avoir vu le mandarin Poun-ting-koua vêtu d’une robe grise peu de semaines après avoir perdu sa mère. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’immédiatement après la mort de leurs parens, les Chinois des classes moyennes en dossent la robe blanche, et entrelacent leur queue de cordons blancs. Le panache rouge du chapeau est remplacé par un panache bleu-clair, et le petit nœud rouge ou doré de la calotte, par un nœud blanc. Pour le deuil d’une belle-mère ou d’un beau-père, le gendre met des cordons bleus à sa queue pendant trois mois ; la femme seule est tenue, dans cette occasion, de porter la robe blanche. Le deuil d’un père ou d’un grand-père dure trois ans.

Le costume des femmes en Chine se rapproche plus de celui des hommes que dans aucun autre pays. Dans les classes riches, elles ont une casaque de soie, ordinairement bleue, à larges manches relevées, ornée de broderies de couleur éclatante. Cette casaque est croisée et se boutonne près de l’épaule droite. Autour de la ceinture viennent s’ajuster deux jupes plissées, couvertes de riches dessins.

La casaque, qui descend jusqu’au-dessous des hanches, ne permet de voir qu’une faible partie de la jupe. Celle-ci, s’arrêtant bien au-dessus de la cheville, laisse paraître l’extrémité de larges pantalons aussi brodés vers le bout. Les dames de Canton ont des coiffures très variées ; je me bornerai à décrire la plus ordinaire.