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LES ANCIENS


COUVENS DE PARIS.




DEUXIÈME RÉCIT.
FÉLISE.




I.

Le dernier jour du mois de décembre, en l’année 1700, à l’heure où la foule commence à circuler dans les rues de Paris, une voiture de voyage entra dans la grande ville par la porte Saint-Antoine, et traîna bruyamment ses ferrailles sur la chaussée inondée de boue et de verglas. Les ressorts disloqués grinçaient à chaque tour de roue avec un aigre fracas, tandis que le postillon, enfoncé jusqu’à mi-corps dans ses bottes fortes, faisait claquer son fouet en proférant des imprécations contre les passans qui ne se hâtaient pas de gagner l’étroit espace exclusivement réservé aux piétons le long des maisons bordées de boutiques. Le carrosse, d’une forme déjà antique, était maculé d’une boue liquide à travers laquelle il n’était pas possible de distinguer la couleur de la caisse et les armoiries peintes sur les panneaux ; pourtant l’on entrevoyait encore une couronne de comte tracée avec des clous d’argent