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et il lui fit part de sa découverte en lui communiquant le précieux calque qu’il avait recueilli. M. Limbery entreprit alors de traduire le texte qu’il avait sous les yeux, et, préoccupé sans doute de la possibilité d’y retrouver un monument de l’histoire de Marseille, il crut y voir un traité d’alliance entre les Marseillais et les Carthaginois. Chacune des vingt et une lignes de l’inscription, telle qu’elle existe aujourd’hui (elle a perdu plus d’un tiers de sa teneur primitive), lui parut complète, et il se mit à la recherche du traité qu’il espérait trouver. M. Limbery ayant négligé de donner la transcription lettre pour lettre du texte original, il est plus que difficile de deviner par quel effort d’analyse il est arrivé à la traduction qu’il propose, et dont voici un extrait :


Ligne 1. — « Avec le désir et la volonté du sénat et du peuple des Matsaloum (les Marseillais), fut proclamée par la voix de l’oracle, dans le sanctuaire du temple, l’injustice commise par le roi Balhanasar. A cet effet, on délibéra, et ce traité fut publié dans l’intention de se lier par les nœuds de l’amitié avec ceux qui adorent Belus, et de présenter au fils de Baal des offrandes pour en obtenir un heureux succès.

Ligne 2. — « Il est arrêté que les commandemens en seront observés, et l’on s’engage à se laver les mains dans le sang du fils de Balhanasar (le nommé) Alam. Cette promesse sera suivie d’un serment solennel, serment qui constatera la foi des Cartahadouth (les Carthaginois) jurée aux Matsaloum.

Ligne 3. — « Et lorsque ce serment et ce traité auront vieilli, ils seront réglés de nouveau, et vous ne devrez (les Marseillais) ni trembler ni craindre, s’il reste éternellement devant vos yeux sur cette pierre qui constitue les impositions, les droits, les égards, que vous devrez maintenir envers les hommes distingués de notre nation, et la justice et la probité établies par ceux qui font le tour du monde, pour s’attirer l’amitié des nations, et cela par leur sagesse. »


Je ne me sens pas le courage d’aller plus loin et de reproduire in extenso la version proposée par M. Limbery, car, je l’avoue en toute humilité, quels que grands que soient les efforts que j’ai faits pour découvrir dans l’inscription de Marseille quelque chose d’analogue, je n’ai pu y réussir. J’ai cru dès-lors devoir me résigner à n’y chercher que ce qui saute aux yeux. Peut-être devrais-je m’effrayer quelque peu de l’étrange différence des deux sens que M. Limbery et moi avons chacun de notre côté trouvés dans ce curieux document ; j’aime mieux laisser aux juges compétens le soin de décider entre nous, en citant quelques passages de ma traduction, obtenue par l’application du système d’interprétation qui m’a paru s’accorder le mieux avec la logique et le bon sens.


Ligne 1. — «….. (Khallas) bâal ? le sufète (le juge), fils de Bedtanit, fils de Bed...