la lecture des écritures égyptiennes, se renouvela précisément entre Swinton et Barthélemy ; chacun de son côté s’efforça de lire l’inscription phénicienne des candélabres de Malte ; les résultats obtenus par les deux rivaux furent à peu près identiques, et il s’ensuivit une querelle fort vive pour constater de quel côté étaient réellement les droits de priorité à cette découverte importante. Hâtons-nous de dire que, comme dans la discussion scientifique dont nous avons été les contemporains, l’urbanité et la politesse restèrent du côté du savant français, tandis que Swinton n’hésita pas un seul instant à défendre sa cause à l’aide du plus pitoyable de tous les argumens, c’est-à-dire à grand renfort d’injures. Gesenius, auquel il était réservé de prononcer plus tard un jugement respectable sur la valeur relative des travaux des deux émules, Gesenius a très équitablement fait la part de chacun, et il n’a pas hésité à placer les résultats obtenus par Barthélémy bien au-dessus de ceux qu’a publiés Swinton. Quoi qu’il en soit, les efforts de ces deux savans fixèrent les valeurs des lettres phéniciennes d’une manière tellement plausible, que depuis lors ces valeurs n’ont guère reçu que des confirmations nombreuses et presque point de modifications.
Après Swinton et Barthélémy vinrent Louis Dutens et Ferez Bayer, dont le premier fit paraître plusieurs excellens mémoires sur la numismatique phénicienne, et le second un travail intitulé : De l’Alphabet et de la langue des Phéniciens et de leurs colonies, travail dans lequel l’explication de l’épigraphe des candélabres de Malte fut reprise avec un soin extrême et un succès à peu près complet. A partir de ce moment, le champ de ces études ne fut plus abandonné, et le nombre des curieux qui s’efforçaient de parvenir au sens des épigraphes phéniciennes de toute espèce alla toujours croissant. Ainsi, pendant que Tychsen publiait, dans les Mémoires de la Société académique d’Upsal, une belle dissertation sur l’Affinité mutuelle des langues phénicienne et hébraïque, Ackerblad mettait au jour quelques mémoires sur des inscriptions récemment découvertes, et dans l’interprétation desquelles il apportait toute la sagacité qui avait déjà signalé ses Essais sur l’écriture égyptienne démotique. De son côté, Gesenius préludait au grand recueil qu’il devait publier quelques années plus tard par un mémoire sur la langue phénicienne et punique.
En 1819 parut à Manheim un livre écrit par Ulrich-Frédéric Kopp, livre dans lequel ce philologue, assez peu érudit d’ailleurs, eut du moins le mérite de poser des règles paléographiques pleines de sens et de justesse. Il ne cesse de répéter qu’avant tout il faut lire correctement ce que l’on veut traduire ; mais ce qu’il n’a pas le courage d’ajouter, c’est qu’il vaut mieux ensuite dire : Je ne comprends pas, que de traduire à tout prix, même en dépit du sens commun, ce dont on a