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mais celle de l’argent a quintuplé. D’après les renseignemens annexés aux rapports annuels du ministre de l’intérieur de la république, le produit déclaré en moyenne pendant dix des dernières années est, pour l’argent, de 30,538 kilogr., pour l’or, de 892. La contrebande paraît faible[1] ; M. Domeyko l’évalue, pour l’argent, à 25 sur 1,000 seulement, et, avec ce qui sert à fabriquer de la vaisselle dans le pays, à 75 sur 778, soit le dixième. Pour l’or, d’après ce que nous avons dit déjà, elle doit être plus forte ; nous l’avons portée au cinquième ; ce qui donne une production annuelle, pour l’argent, de 33,592 kilogrammes, pour l’or, de 1,071 kilogrammes.

Ainsi l’extraction de l’or reste, au Chili, bien au-dessous de ce qu’elle était autrefois. C’est que l’exploitation des mines d’argent est devenue plus avantageuse, et qu’on a délaissé le premier des métaux précieux pour le second. Les mines de cuivre, sous ce rapport, ont exercé une influence au moins égale à celle des mines d’argent. Quelle que soit l’importance nouvellement acquise aux mines d’argent du Chili, je ne puis m’empêcher de reproduire ici une comparaison que je trouve dans une notice de M. Duflot de Mofras sur la république du Chili. Le cuivre, dont, il est vrai, le Chili possède des mines admirables, uniques, y donne un produit brut supérieur à celui de l’or et de l’argent réunis. Pendant l’intervalle de trois ans (du 1er  janvier 1840 au 31 décembre 1842), où les mines de métaux précieux ont rendu beaucoup, elles ont donné une valeur de 32,588,000 francs, qu’on pourrait, à cause de la contrebande, porter à 37 ou 38. Dans le même délai, on a exporté 11,626,592 kilogrammes de cuivre métallique et 41,631,472 kilogrammes de minerai, valant ensemble 44 millions. Les progrès de l’extraction du cuivre depuis l’indépendance sont donc plus grands encore que ceux de la production de l’argent, et les mines de cuivre sont pour le pays une plus grande richesse que celles des deux métaux précieux ensemble. L’exemple du Chili montre aussi ce qu’on pourrait attendre des autres ci-devant colonies de l’Amérique espagnole, si les autorités y montraient l’intelligence et le zèle pour le bien public qui signalent le gouvernement chilien, et si les populations, ayant le sentiment véritable de l’indépendance qu’elles ont conquise, en profitaient pour étendre leurs conquêtes sur la nature féconde qui leur offre ses trésors pour prix de leurs labeurs.

La production du Chili peut être évaluée jusqu’en 1810 à 300,000 kilogrammes d’argent et à 217,000 kilogrammes d’or. De 1810 jusqu’à ce jour, on peut la porter à 672,991 kilogrammes d’argent et à 31,020 kilogrammes d’or. C’est ainsi, depuis l’origine, un total de 973,000

  1. Le droit prélevé par le gouvernement est de 9 pour 100 seulement.