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désordonnées ont seules le pouvoir de produire, ont reçu de l’Europe, à la fin de cette période, des métaux précieux, de l’or : c’étaient les remises des compagnies anglaises formées pour l’exploitation des mines après l’indépendance[1].

Somme toute, il y a lieu de penser que l’extraction des métaux a très peu excédé le monnayage pendant les seize ans de la crise, de 1810 à la fin de 1825. Ce serait en tout, d’après les comptes monétaires, 178,302,028 piastres, dont moins de 10 millions en or. Nous porterons ce total[2] à 185 millions seulement, que nous répartirons ainsi : argent, 170 millions de piastres ou 4,153,950 kilogrammes de fin ; or, 15 millions de piastres ou 22,185 kilog.

Mais, l’indépendance une fois consommée, la contrebande s’est déployée avec une audace extrême, sans que rien en balançât l’influence sur la production apparente des métaux précieux. La corruption des autorités lui a offert une assistance qu’elle a mise à profit. Ainsi, M. Duport, qui, par ses relations directes avec les mineurs, n’a pu manquer d’être bien informé, dit avoir acquis la certitude que la valeur des métaux précieux embarqués, en 1840, dans les différens ports mexicains de l’Océan Pacifique, sur les navires de guerre anglais, par contrebande, s’est élevée à plus de 6 millions de piastres. Suivant le même observateur, l’exportation clandestine de l’or a dépassé de plus de moitié, en 1841, l’exportation légale, et la contrebande en cette année, où des circonstances accidentelles l’avaient rendue nulle du côté du golfe du Mexique, a été en tout de près de 5 millions contre 13, ou de 38 pour 100.

Le monnayage, du 31 décembre 1825 au 31 décembre 1840, dans les différens hôtels des monnaies de la république, a été de 161,676,527 piastres, sur quoi il n’y a pas plus de 7 millions et demi de piastres en or. À cause de la fraude, nous compterons 200 millions de piastres en argent et 15 en or. À partir de 1841, nous supposerons annuellement 16 millions de piastres d’argent et 2 d’or, jusqu’à l’année 1845, que nous compterons pour 21 millions de piastres, dont 18,500,000 d’argent et 2,500,000 d’or[3]. Depuis le commencement de la lutte de

  1. M. Ward évalue les remises qui ont été monnayées à Mexico à 1,936,040 piastres en or, ou 2,863 kilogrammes (Mexico, II, p. 19).
  2. Ce total est fourni par M. Ward, qui prend en considération : 1o le travail d’un hôtel des monnaies établi à Sonbrerete à la fin de 1810, qui fonctionna un an ; 2o le monnayage fait à Guanaxuato en 1812 et 1813 par les autorités coloniales dans les ateliers qu’avait organisés le chef des insurgés, Hidalgo, et celui qui plus tard eut lieu dans la même ville, de 1821 à 1825. C’est un total de 4,042,828 piastres.
  3. M. Mac-Gregor, du Board of trade de Londres, dans un volume qui vient de paraître, et qui fait partie de la collection importante qu’il publie sur le commerce des différens états (Commercial tariffs, etc.), porte à 18,500,000 piastres la production moyenne des dernières années. Il évalue, d’après la correspondance des consuls anglais, le monnayage de 1844 à 13,754,631 piastres, et celui de 1845 à 15,141,816.