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des lavages de sables aurifères, et même des mines d’or proprement dites, fournit en or une valeur égale au huitième de l’argent, 2 millions de piastres contre 16, en poids 4 contre 130.

Les gîtes d’or d’alluvion du département de Sonora sont les plus renommés du Mexique. Les mines d’Oaxaca, qu’on exploitait depuis la conquête et qu’on doit travailler encore, sont, avons-nous dit, des mines en roche. De même celles de Villalpando, près de Guanaxuato. Parmi les causes qui restreignent au Mexique et au Pérou l’exploitation des mines d’or, il faut signaler la facilité du vol. C’est un des motifs qui ont contribué, autant que le défaut de continuité des veines, à faire abandonner beaucoup de mines d’or en roche. Les ouvriers des mines d’argent soustraient souvent des morceaux riches de minerai, et, pour empêcher ces détournemens, on les soumet à des visites quelquefois ignominieuses. C’est une guerre d’astuce entre l’ouvrier, qui veut s’approprier des fragmens de prix, et le surveillant, qui cherche à faire restituer ce qui a pu être dérobé. Avec l’or, la tentation est bien plus grande et le larcin bien plus aisé. L’exploitation par lavage offre l’avantage de n’exiger que des appareils simples, partant presque point de capital. C’est donc un travail que les ouvriers peuvent entreprendre pour leur compte. Sous cette forme, on peut croire que les alluvions de la Sonora deviendront très productives aussitôt que la population s’y portera.


V. — PRODUCTION DU MEXIQUE JUSQU’A CE JOUR.

Pour évaluer la quantité de métaux précieux que le Mexique a fournie jusqu’à ce jour, il convient de distinguer au moins deux périodes. Nous prendrons pour la première l’intervalle tout entier entre la conquête et l’année 1810 où éclata la lutte de l’indépendance. Pendant ces deux cent quatre-vingt-dix ans, l’extraction enregistrée est montée à la somme de l,913,935,898 piastres[1].

Mais il faut tenir compte des quantités d’or et d’argent qui sont sorties clandestinement du pays pour éviter de payer les droits. Sous le régime colonial, cette contrebande a surtout été forte avant 1723, pour deux motifs : l’autorité de la métropole étant alors moins assise sur les colons, ceux-ci fraudaient plus aisément les taxes, et la tentation était

  1. La piastre d’argent représente, d’après la quantité d’argent fin qu’elle contient, 5 francs 43 centimes. Rapportée à notre pièce de 20 francs, la piastre d’or a une moindre valeur, 5 fr. 09 cent. Il est bon de remarquer que la qualification de piastre d’or est plutôt conventionnelle que légale, et n’est point inscrite sur la monnaie même. Le nom de la pièce d’or espagnole est le quadruple, et non point un nombre déterminé de piastres, tandis que notre pièce d’or suppose un rapport absolu entre l’or et l’argent : la loi l’appelle pièce de 20 francs.