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l’argent natif, ce qui se voit plus fréquemment, en dissolvant celui-ci. C’est d’ailleurs un moyen d’isoler tout de suite de la gangue cet argent lui-même, et, lorsqu’il est un peu abondant, on s’en trouve bien. Les minerais assez riches pour être traités par le procédé de la fusion rendent un argent plus aurifère que celui qui provient de l’amalgamation. L’opération du départ a été portée à un très haut degré de perfection et d’économie en Europe. Les affineurs de Paris, qui sont, il est vrai, d’une habileté sans égale, gagnent à faire le départ, lorsque les lingots d’argent contiennent le tiers d’un millième d’or. Au Mexique, sous le régime colonial, l’administration s’en chargeait, mais ne tenait compte de l’or aux mineurs que lorsqu’il y en avait 6 millièmes et 1/4. On travaillait ainsi jusqu’à 45,000 kilogrammes d’argent annuellement. Aujourd’hui le travail roule sur une quantité au moins égale, quoique la production de l’argent soit moindre ; mais les procédés de départ ont été beaucoup perfectionnés au Mexique.

La proportion d’or contenue dans l’argent, toujours faible cependant, varie beaucoup d’une mine à l’autre, et exerce une grande influence sur les profits du mineur ; c’est que 1 kilogramme d’or représente à peu près 16 kilogrammes d’argent. Les mines de Tasco, de Catorce et la majeure partie des filons de Zacatocas sont à peine aurifères. Les filons de Guauaxuato et ceux de Guadalupe y Calvo contiennent une remarquable proportion d’or. Les lingots aurifères sont ceux sur lesquels la contrebande s’exerce de préférence ; ainsi les documens officiels et les registres des ateliers de départ ne peuvent faire connaître la teneur habituelle en or des mines les plus privilégiées. M. Duport, qui était très bien placé pour le savoir, dit qu’en 1841 la proportion d’or pour les districts les plus voisins du Mexique, qui sont médiocrement riches, était de 6 millièmes du poids de l’argent soumis au départ ; mais on sait, par les comptes de quelques compagnies, que l’argent aurifère, obtenu eu plaçant du mercure dans les arrastras, en contient jusqu’à 4 et 6 pour 100 de son poids. Il y a quatre à cinq ans, à la mine de Rayas, l’un des établissemens de Guauaxuato, 1 argent considéré manufacturièrement comme aurifère représentait eu poids 13 pour 100 de la masse totale des lingots, et, en valeur, l’or formait 1/11 du revenu de la mine (89,131 piastres sur 977,153). Aux mines de Guadalupe y Calvo, elle est plus forte. Dans le premier trimestre de 1842, la proportion de l’or s’y est trouvée dix fois plus grande qu’à la mine de Rayas. Il y avait sur la masse totale du minerai 2 millièmes 1/2 d’argent et 1 dix millième d’or. Dans le second semestre, l’or a été moins abondant ; la proportion de 1 argent étant à peu près la même, celle de l’or avait diminué dans le rapport de 10 à 4. En somme, M. Duport calcule qu’aujourd’hui la métallurgie mexicaine, en tenant compte