nomination du souverain, et qui long-temps fut exclusivement anglaise. En outre, un conseil exécutif, nommé pour chaque province, supplée les gouverneurs absens, et transmet de l’un à l’autre les traditions de l’autorité locale. Quels sont les abus, quels sont les avantages de cet état de choses, c’est ce qu’il est bon d’examiner sommairement.
Les avantages sont bornés aux privilèges commerciaux que l’Angleterre peut accorder, et à la protection militaire dont elle entoure sa colonie. Nous avons vu que les doctrines du libre échange, de plus en plus répandues, ne permettront pas au Canada, d’ici à quelques années, de compter sur les faveurs particulières du tarif anglais; nous avons vu que l’Amérique, à partir de ce moment, devait lui offrir un marché plus avantageux, plus voisin, et vers lequel un simple abaissement des droits de douane attirerait dès aujourd’hui la plus grande partie du commerce canadien. Le légitime échange ferait alors sur une vaste échelle ce que la contrebande accomplit maintenant dans des proportions nécessairement plus restreintes. Quant à la protection militaire, on est bien forcé de convenir qu’elle profite surtout à l’Angleterre, et que les Canadas, incorporés avec les États-Unis, s’en passeraient aisément. Ceci est une vérité qu’il suffit d’énoncer, tant elle est évidente.
Maintenant serait-il également vrai de prétendre que l’intervention des administrateurs britanniques améliore le régime intérieur du Canada, plus avantageusement gouverné par des étrangers qu’il ne le serait par ses habitans eux-mêmes? Cette thèse ne manque pas de défenseurs en Angleterre et même aux Canadas. Elle en compte un de plus dans l’écrivain dont nous nous occupons aujourd’hui; mais ce qui atténue quelque peu la valeur de ces bons témoignages rendus à l’administration métropolitaine, c’est qu’ils lui viennent, pour la plupart, des hommes employés ou patronés par elle. L’auteur d’Hochelaga, par exemple, nous l’avons déjà dit, tient par quelques liens, — sur la nature desquels il n’a point jugé convenable de s’expliquer, — à cette vaste armée de fonctionnaires que la Grande-Bretagne disperse aujourd’hui sur tous les points du globe. Nous ne pouvons, par conséquent, accepter sans contrôle ses opinions très peu favorables aux chambres d’assemblée, et décidément hostiles aux rebelles de 1837, aux démagogues (comme il les appelle) qui agitèrent alors le Canada inférieur. Que si, au contraire, nous interrogeons les écrivains indépendans de la presse anglaise, ils s’expliquent tout, différemment sur les mêmes questions. Selon eux, les présomptions de probité, une plus grande connaissance des intérêts locaux, une responsabilité plus certaine et plus vraie de tous leurs actes, sont des circonstances qui militent puissamment en faveur des fonctionnaires indigènes. Selon eux encore, les ministres investis du droit de nommer les membres du gouvernement colonial sont à la merci d’une aristocratie avide, à la discrétion de leurs appuis parlementaires, et ne