ne peut elle-même se maintenir qu’en acceptant le mouvement, à la condition de le régler. Les affaires extérieures de l’Angleterre sont très brièvement mentionnées dans le discours prononcé au nom de la reine ; nous y avons seulement là que les prétentions rivales de l’Angleterre et des États-Unis au sujet de I’Orégon ont été réglées d’une manière compatible avec l’honneur national. Sur ce point, lord Palmerston s’est hâté de ratifier le traité qui était l’ouvrage de lord Aberdeen Il déclare que l’Angleterre doit être on ne peut plus contente de ses relations actuelles avec les États-Unis. Quand on songe aux éventualités que pourra offrir offrit la question du Mexique, il est permis de croire, à ce langage, que c’est un parti pris de la part de la politique anglaise, de se tenir pour satisfaite, quelque chose qui arrive du côté de l’Amérique. C’est bien. Nous ne blâmons pas cette modération seulement nous espérons que lord Palmerston n’aura pas à l’égard de la France un esprit moins conciliant. Cependant, s’il fallait en croire certains bruits, Palmerston aurait repris, à l’occasion des affaires d’Espagne, ses procédés hautains envers le cabinet français. Est-il vrai qu’il aurait déclaré à M. de Jarnac que non-seulement il maintenait le veto de l’Angleterre prononcé par son prédécesseur à l’égard de M. le duc de Montpensier pour la main de la reine d’Espagne, mais qu’il l’étendait à tout projet d’union du prince français avec l’infante, sœur de la reine ? Cette déclaration aurait vivement blessé le chef de la dynastie de 1830, qui n’en aurait pas caché son mécontentement profond. Si lord Palmerston revenait envers la France aux dispositions qui l’ont animé en 1840, il prendrait sur lui une grave responsabilité. Il ferait aussi penser qu’il ne se rend pas bien compte de la force actuelle de la France, et il se donnerait l’inexcusable tort d’apporter de nouveaux obstacles à l’affermissement d’une alliance à laquelle est attachée la paix du monde.
Dans le monde intellectuel où nous vivons, s’il est une chose qui, malgré tout, appelle naturellement les plus sérieux et les plus purs hommages, c’est la poésie, — la poésie dans sa haute et grande expression ; et ces hommages ne consistent pas dans un chétif éloge, dans une froide et vulgaire estime : l’admiration est le sentiment qui doit répondre et qui répond en effet à toute œuvre de génie poétique. L’admiration est pour la poésie une justice et en même temps un besoin. Elle est comme le souffle qui active et agrandit cette flamme sacrée, et, pour celui-là même qui l’éprouve, n’est-ce pas la plus noble passion ? n’est-ce point un entraînement qui porte avec lui son prix par ! es joies qu’il éveille, par la satisfaction qu’il laisse dans l’ame ? L’esprit est heureux d’admirer comme le cœur