à atténué les échecs qu’elle avait éprouvés ; elle a mis plutôt une sorte de fierté à proclamer que le résultat des élections la plaçait pour long-temps en dehors de toutes prétentions au pouvoir. C’est dire en même temps qu’elle ne permet pas à la fortune d’ébranler ses opinions, et qu’elle est plus que jamais résolue à les défendre, à les soutenir. Cette attitude l’honore et doit lui mériter l’estime de ses adversaires. L’opposition reproduira sa motion sur les incompatibilités ; elle tirera même du plus grand nombre de fonctionnaires qui occupent aujourd’hui les bancs de la chambre un argument nouveau pour prouver qu’il faut faire par la loi ce qu’on ne peut obtenir des mœurs. Un projet de réforme électorale servira de complément à la doctrine des incompatibilités. On voit que l’opposition est déterminée à une lutte, de principes par laquelle elle espère éclairer et convaincre le pays. Pour soutenir cette lutte, les talens ne lui manquent pas. Elle sera sinon triomphante, du moins respectée et utile, si à la fermeté elle joint la modération et un sentiment vrai de l’état moral de la France. Qu’elle se garde surtout de toute assimilation fausse avec ce qui s’est passé sous la restauration. Jamais époques ne furent plus différentes que les dernières années du règne de Charles X et le temps présent. Il y a vingt ans, on était plein d’ardeur et d’illusions ; on prêtait au gouvernement représentatif librement pratiqué une puissance morale que peut-être il n’a pas, on s’imaginait qu’après avoir brisé l’obstacle qui gênait l’élan du pays, tout serait pur, grand et beau. Nous devions entrer dans la république de Platon ou dans le royaume de Salente. L’obstacle fut renversé, une dynastie malhabile disparut dans la tempête, et la libre exécution de la charte fut conquise d’un seul coup. Nous savons maintenant par les faits ce que produit la pratique du régime représentatif, un mélange de bien et de mal. La carrière est ouverte pour les mauvaises passions comme pour les bonnes. Croire qu’après une telle expérience on pourrait faire appel à l’effervescence, à l’enthousiasme d’il y a vingt ans, ce serait s’abuser et s’exposer à de graves mécomptes. Que l’opposition soit de son temps, et ne cherche pas ses inspirations dans des souvenirs historiques, elle est nécessaire au pays, elle est un des élément indispensable de notre civilisation politique, et pour notre compte nous regretterions vivement les erreurs qui compromettraient d’une manière sensible son autorité morale.
La cour des pairs a jugé le triste insensé qui avait voulu contrefaire le régicide. On a été généralement choqué de voir ce prétentieux idiot occuper pendant trois jours l’attention d’une grave assemblée.
Le parlement anglais a été prorogé au 4 novembre prochain, après une session de deux cent dix-neuf jours. Cette longue session, si solennellement ouverte par sir Robert Peel, a été close par un ministère whig, successeur encore mal affermi d’un homme d’état dont la chute volontaire a été une sorte de triomphe. Le discours que lord John Russell a mis dans la bouche de la reine exprime l’espérance que l’admission plus libre des produits des pays étrangers sur le marché anglais augmentera le comfort et améliorera la condition de la grande masse du pays ; il : se termine par cette pensée, qu’il faut combiner l’obéissance à la loi avec le désir du progrès social. Ainsi, en Angleterre comme en France, on proclame que c’est un devoir de s’occuper du bien être des peuples et d’imprimer à la société un progrès régulier. Aujourd’hui l’aristocratie britannique met son honneur et sa politique à professer ces principes ; elle comprend qu’elle