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de se raffermir sur sa base, et de travailler à son bien-être. Aujourd’hui la mode est ailleurs, elle a passé avec la victoire du côté de l’industrie, et la réaction, comme il arrive toujours, est extrême. C’est la politique qui est devenue l’objet d’un dédain parfois cynique. Les générations nouvelles débutent dans le monde avec le mépris des sentimens qui faisaient battre le cœur de leurs pères ; on ne saurait plus les accuser d’être révolutionnaires, elles naissent gouvernementales. Ainsi va le monde, ainsi la vie d’une société se compose de passions et de phases contradictoires heureusement cette vie est longue, elle a la puissance d’user bien des erreurs, et d’épurer au creuset du temps tout ce qui est excessif, exagéré.

Notre époque a ses avantages comme ses inconvéniens, et il ne faut pas plus l’envisager avec désespoir qu’avec un optimisme sans restrictions. Il y a plus : elle impose aux hommes politiques, qu’ils soient aux affaires ou dans l’opposition, des devoirs dont la négligence serait funeste. Si nous considérons d’abord la majorité, nous la voyons, dès le début de cette législature, dans une situation plus forte qu’au commencement de la chambre de 1842. Il y a quatre ans, la majorité se cherchait ; elle se forma laborieusement, et pour ainsi parler, sous le feu de l’ennemi. Aujourd’hui, dès le début, elle se trouve constituée ; elle triomphe avant d’avoir combattu. Une si éclatante prospérité » impose des devoirs sérieux. À l’intérieur, rien ne saurait empêcher la majorité de prendre l’initiative d’utiles combinaisons ; elle sait bien que, dans la voie des réformes, elle ne peut être entraînée plus loin qu’elle ne voudra, puisqu’elle est maîtresse du terrain, et n’a pas besoin d’auxiliaires. Dans les questions politiques, dans tout ce qui touche à nos relations extérieures, nous espérons que la majorité ne partagera pas l’indifférence que voudraient lui inoculer certains esprits. Si cette indifférence venait à prévaloir, elle serait dans nos mœurs publiques un symptôme bien plus triste que tous les faits de corruption électorale. En Angleterre, la corruption électorale à de bien autres proportions que parmi nous. Il y a quatre ans, un rapport du comité d’enquête de la chambre des communes a constaté que la victoire restait presque toujours aux candidats qui dépensaient les sommes les plus fortes. Contre de pareilles habitudes, il y a chez nos voisins un puissant antidote, l’esprit politique. On a remarqué, il y a long-temps, que les bourgs-pourris avaient envoyé à la chambre des communes les plus grands hommes parlementaires de la Grande-Bretagne De l’autre côté du détroit, cette corruption n’exerce pas d’influence au-delà des hustings, elle s’arrête au seuil de la chambre des communes ; elle n’atteint pas la vie parlementaire. La chambre de 1846 vient de se montrer indifférente aux faits de corruption qui ont été dénoncés devant elle ; elle a imité en cela le parlement anglais, qui a rejeté, il y a quelques années, les mesures qu’on lui proposait dans l’espérance de changer sur ce point les mœurs britanniques. On se rappelle en effet que whigs et tories furent unanimes pour repousser les innovations pénales réclamées par M. Roebuck, qui se trouva en Angleterre le seul ennemi sérieux de la corruption. Puisque la chambre de 1846 na pas voulu plus que le parlement anglais sévir contre certains scandales, qu’au moins, à son exemple, elle garde cet esprit politique qui fait la force, la dignité des et sans lequel la représentation nationale ne serait plus qu’une vaste agence d’affaires locales et particulières. Il y a, dans le sein de la majorité, des hommes sérieux, désireux du