encore que la pierre ; on y voit plusieurs petites figures et des emblèmes religieux dont je n’ai pu trouver l’explication. Les murailles offrent dans toute leur étendue un dessin uniforme : ce sont des lignes qui se croisent et font des losanges découpés en rosace. Tous ces travaux sont en relief, et s’étendent comme une belle tapisserie ou une indienne imprimée. Le haut se termine par une corniche un peu lourde pour la délicatesse et l’élégance de ces gracieuses arabesques. Au fond du temple s’ouvre un étroit corridor, conduisant à une tour sans fenêtres et terminée par une plate-forme. Matin et soir, souvent même dans le cours de la journée, un homme monte au sommet de cette tour, et là, se bouchant les oreilles, il crie : Allah ! à plusieurs reprises, pour appeler les fidèles à la prière.
Les tombeaux sont des édifices carrés, construits en madrépore comme les mosquées, et, comme elles, revêtus extérieurement de sculptures et d’images symboliques. Ils sont couverts de lames de cuivre, ou d’un toit plat composé de bois et de chaux, qu’on appelle argamasse dans la langue du pays. Chaque tombeau est environné d’une cour fermée par un mur d’enceinte. La porte du monument est abritée par une petite tente en toile de coton, entretenue avec soin et renouvelée à certaines époques. D’où peut venir cet usage ? Est-ce un signe religieux ? ou bien veulent-ils traiter les morts à la façon des vivans, comme s’ils étaient encore sensibles à la fraîcheur de l’ombre, la plus douce chose dans ce climat brûlant ? Si ce n’est pas une idée d’une bien haute philosophie, c’est au moins une pensée pleine d’une pieuse et tendre mélancolie. Les petits pavillons blancs que l’on voit flotter sur toutes les tombes sont destinés à les protéger contre les esprits malins qui rôdent particulièrement autour des cimetières, cherchant à s’introduire auprès des morts pour les tourmenter dans leurs étroites demeures. Ce saint palladium, sur lequel toute la famille réunie a fait des prières, et quelle apporte en grande cérémonie, me rappelait les exorcismes de notre ancienne église. Les Maldivois attribuent à ce signe une influence directe et toute matérielle ; ils croient par là mettre en fuite la légion des vampires, absolument comme nos paysans suspendent des haillons, attachent des crécelles à leurs arbres chargés de fruits pour en éloigner les oiseaux. Plus d’une fois, quand la brise du soir agitait les drapeaux des cimetières, j’ai entendu les insulaires dire : — Les morts dormiront bien cette nuit.
Le vendredi est leur jour de fête ; le sultan sort de sa citadelle, et va visiter toutes les mosquées, y faire des prières. Il s’avance, précédé d’une garde assez nombreuse, armée de lances ou plutôt de sagayes, parmi lesquelles on voit aussi quelques vieux fusils rouilles. Si le temps est beau, des hommes marchent à ses côtés, en agitant de larges