agens de l’alimentation sur les idées et les sentimens de l’homme. M. Gleïzès n’a fait que le roman de cette fonction importante de la vie ; il reste à en écrire l’histoire. Si l’auteur de Thalysie doit trouver grace devant la critique, c’est par l’honnêteté de ses intentions. Il faut pardonner beaucoup à celui qui a tant aimé. Son ouvrage révèle d’ailleurs un sentiment délicat de la nature que nous avons respecté. Il s’asseyait, calme et joyeux, sur la terre inondée de soleil, parsemée d’herbes odorantes celui qui n’avait jamais souillé le sein de cette mère par le meurtre de ses enfans. Tout en jetant sur une tombe récente des fleurs auxquelles se mêlent, comme malgré nous, les épines de l’ironie, on se demande pourtant si l’homme n’a rien de mieux à faire que de suivre les écarts d’un esprit fantasque. Il y a, nous le croyons, une leçon sérieuse à recueillir dans cette absence de discipline, qui a laisse perdre des facultés heureuses. Si, renonçant à faire l’école buissonnière dans les champs de la rêverie M. Gleïzès se fût soumis à une règle, si son imagination, surveillée par le jugement et appuyée sur une science sévère, eût évité les voies tortueuses et solitaires, la famille encore peu nombreuse des philosophes naturalistes compterait peut-être aujourd’hui un membre de plus. Au lieu de cela, que reste-t-il ? Il est curieux, sans doute, de suivre un instant les systèmes, les chimères, les utopies creuses, qui passent comme des nuages capricieux devant le soleil de la vérité ; mais il faut en revenir toujours à ce qui ne passe pas, le culte de la raison et du sens commun.
ALPHONSE ESQUIROS.