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non-seulement mis à mort tous les animaux familiers, mais ils se sont encore mangés entre eux. On aime à retrouver la sensibilité du Banijan dans ce sexe délicat que la nature semble n’avoir fait si tendre et si débile que pour compatir à toutes les faiblesses et à toutes les victimes. Il fut un moment, dans le dernier siècle, où l’on imagina d’élever les filles de château dans les soins du ménage. L’une d’elles reçut de sa mère, pour première tâche, un pigeon à étouffer : elle obéit, mais à peine eut-elle mis ses doigts sur l’oiseau palpitant, à peine eut-elle senti les battemens du cœur, qu’elle tomba évanouie ; le pigeon s’envola. Le blanc messager alla sans doute porter au ciel le sentiment de sa reconnaissance. M. Gleïzès appelait sur toute la terre une semblable révolution du cœur humain par l’amour. Inflexible sur les principes, il était tolérant envers les personnes, car il vécut en adoration perpétuelle devant sa femme, quoiqu’il se fût banni de la table où elle s’asseyait. Au reste, à quoi bon la contrainte ? Le système thalysien doit s’établir nécessairement et voici par quelle circonstance. Le choléra-morbus, au dire de M. Gleïzès, reviendra ; il promènera de nouveau sur le monde son poison voyageur ; tout ce qui sera plus animalisé que ne le comporte l’organisation, c’est-à-dire tout ce qui mange de la chair, périra inévitablement. Quand le fléau aura traîné le pan de son linceul à la surface du monde consterné, il s’arrêtera et finira par mourir lui-même aux extrémités de l’Asie ; les Hindous resteront seuls alors pour repeupler la terre.

La doctrine de M. Gleïzès ne laissa pas, malgré son excentricité, de faire des prosélytes. Unùe secte protestante, qui s’est formé en 1824 à Manchester, dans le comté de Lancastre, proscrit le meurtre des- animaux. La lecture des premiers écrits de M. Gleïzès n’avait pas été étrangère à cette résolution. Un doyen de la faculté des lettres, dans une ville du midi, a aussi embrassé la nouvelle doctrine. M. Gleïzès, dans son dernier ouvrage, exprime le vœu que le nom de ce digne homme soit le premier inscrit sur les registres de l’institut thalysien. L’auteur de Thalysie comptait, pour grossir son école dans l’avenir, sur les petits, les simples, les délaissés, les femmes et les enfans à la mamelle. En attendant ces modestes conquêtes, le système thalysien a fait des recrues inespérées. Pourquoi M. Gleïzès n’est-il plus de ce monde ? C’est de l’Angleterre, de cette Angleterre par lui si maltraitée, que lui arrive un secours inattendu : on n’est jamais si bien servi que par ses ennemis. M. John Smith, qui dit aussi ne se nourrir que de fruits et de céréales, prêche dans un ouvrage récent[1] les mêmes doctrines que l’auteur de Thalysie.

  1. hruits and Farinacea tue proper food of man, 1. vol. in-8o. — Londres, 1846.