influence morale, une influence physique. Quels biens promet l’auteur de Thalysie à ceux qui voudront renoncer aux viandes pour suivre son exemple ? Le régime des herbes est l’antidote de tous les maux. Avec lui, l’homme vivrait longuement : peu s’en faudrait qu’il n’atteignît la vieillesse fabuleuse des patriarches ; il vivrait du moins plus que le chameau et l’éléphant. Le chameau vit un siècle ; l’éléphant, ce monument de la nature prit plaisir à élever dans le temps de sa force et de sa jeunesse, voit passer deux cents ans au-dessus de sa tête ; l’homme reculerait son existence à trois cents ans. Un autre motif très puissant, surtout auprès des femmes, c’est que le régime des herbes entretient et renouvelle la beauté. Aussi est-ce au sexe sensible que le tendre solitaire adresse ses argumens les plus insidieux. L’usage de la chair efface, chez les femmes surtout, le caractère primitivement céleste de la figure. Parmi les hommes, les uns ressemblent à des loups, les autres à des autours : quelques-unes de ces configurations sont déterminées par le régime alimentaire. La nourriture de la chair imprime sur la face de l’homme le sceau de l’animalité. Les sucs de la viande carbonisent le sang et flétrissent les fleurs naturelles du visage. Avec le régime contraire, tout change, tout s’embellit : un sang plus rose circule sous la peau ; les joues, fermes et arrondies, présentent la blancheur du riz avec le coloris de la pêche ; la bouche prend des formes pareilles aux coupes les plus élégantes des fruits ; toute la figure s’épanouit comme la plante dans ses jours d’allégresse. Le régime innocent donne aux femmes, outre la beauté, la douceur, et les graces ; en pétrissant leur chair avec la chair pulpeuse des végétaux et des fruits, il la pénètre d’une odeur suave. Si la chair nous abêtit, la nourriture végétale donne des sens plus parfaits, une finesse extraordinaire de perceptions ; elle adoucit la voix et dégage les idées. Enfin (où ne va pas cet esprit lancé sur la pente de l’hypothèse ?) M. Gleïzès soutient que les plantes seules communiquent l’immortalité. Celui qui mange les animaux enferme la mort dans son sein, la mort éternelle. Il n’y a pour lui ni avenir ni renaissance dans un monde meilleur. L’homme qui tue ne remplit point sa destination ; il enfreint les lois de la nature : la terre, pour l’en punir, doit le retenir à jamais dans son étroite enceinte. Les végétaux, au contraire, remplissent l’être intelligent du pur esprit qui les anime, et qu’ils semblent avoir puisé dans les cieux ; ils réunissent ce qu’il y a de divin en nous a ce qu’il y a de divin dans l’univers. M. Gleïzès avait sur l’immortalité de l’ame des idées à lui : en croyant que cette immortalité se rattaché aux fruits des arbres et qu’elle s’efface dans celui qui vit de proie, il voulait dire qu’après la mort les ames restent quelque temps dans notre planète pour s’y purifier. Celles qui ont fait un pacte avec le sang retournent, dans les lieux bas de la terre ; celles qui ont au contraire, développé le germe de vie qui est dans chacun de nous
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