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LES EXCENTRIQUES


DE LA LITTERATURE ET DE LA SCIENCE.




I.
M. GLEÏZES. – LE REGIME DES HERBES.




C’est un caractère des révolutions que l’amener à leur suite des rêveurs et des utopistes. Les esprits sont alors dans un état particulier : la soif d’un bien-être chimérique se fait sentir à toutes les existences souffrantes ; à toutes les imaginations entraînées. Nous ne finirions pas si nous disions les faux prophètes et les faux dieux que l’ébranlement de 1830 fit éclore à la surface des événemens, et que le lendemain vit mourir. Cette tendance au chimérique se prononça surtout après notre grande révolution. Les hommes d’action étaient tombés à la tribune ou sur les champs de bataille ; et leur absence avait laissé le champ libre aux faiseurs de théories. L’esprit, fatigué d’événemens, cherchait à se reposer dans un milieu plus calme. C’est alors que parurent les théophilanthropes, les mystiques et les illuminés, qu’un besoin indéterminé de croyances nouvelles ramenait forcément aux anciennes. Il en est de l’effet des commotions politiques sur le monde moral comme de ces mouvemens du ciel qui peuvent, dit-on, faire sortir un astre de son orbite et le lancer dans l’espace.

Parmi les natures excentriques qui, emportées dans leur course déréglé