dans le public ; mais l’œuvre qu’il a commencée se continue sur d’immenses proportions et avec un retentissement considérable en Allemagne. Les grandes réunions ecclésiastiques qui se tiennent à Berlin depuis quelques mois se rattachent par les liens les plus directs à son humble entreprise ; elles ne sont qu’une suite des assemblées de Coethen et de Halle.
On s’étonne maintenant ici de ces manifestations devenues officielles ; on en comprend mal le caractère et le but, parce qu’on ne sait pas assez l’état actuel de l’église prussienne, et particulièrement celui de l’église berlinoise. Il sera peut-être curieux pour un lecteur français d’être introduit au milieu de ces démêlés dont aucune époque de notre histoire ecclésiastique ne saurait nous rendre l’idée. J’arrivais à Berlin au moment où M. Hengstenberg, le suprême censeur de l’orthodoxie évangélique, entamait une nouvelle campagne ; il n’avait plus seulement devant lui ces pauvres pasteurs de village, ces amis protestans, qu’il nommait avec une ironie si dédaigneuse des amis de la lumière, qu’il représentait si facilement comme des radicaux et des communistes : il s’attaquait plus haut, il gourmandait les premiers dignitaires de son culte, les ministres les plus renommés et les plus éclairés de la Prusse. Le gouvernement, que tout le monde savait derrière lui, déclarait par sa bouche à l’église entière qu’elle n’était point à son gré suffisamment religieuse ; l’état donnait à son clergé des leçons d’orthodoxie.