entière exterminée par les croisés, qui, suivant quelques historiens, massacrèrent plus de soixante mille personnes. En 1247, Béziers fut réunie à la couronne et sortit peu à peu de ses ruines, joua un rôle assez important dans les guerres civiles du XVe et du XVIe siècle, et finité par être démantelée en 1632, pour avoir pris part à la révolte de Gaston d’Orléans. M. Julia ne s’est pas borné au simple récit des événemens politiques dont Béziers a été le théâtre. Il s’est fort étendu sur l’histoire civile et ecclésiastique de cette ville. Son livre porte l’empreinte des qualités et des défauts que nous signalions plus haut. C’est un amas de documens quelquefois curieux, mais manquant le plus souvent d’intérêt La partie relative à l’antiquité est fort défectueuse, comme dans la plupart des livres du même genre, car les auteurs ont presque toujours le tort de vouloir suppléer à leur façon au silence des historiens. Ainsi, pourquoi M. Julia a-t-il consacré un paragraphe aux vertus des Volces-Tectosages, et pourquoi affirme-t-il que ce peuple n’avait que deux passions, la chasse et la guerre ? Ce sont là des puérilités dont il aurait pu faire grâce au lecteur. — Les chapitres consacrés au moyen-âge sont beaucoup plus satisfaisans, quoique l’on y rencontre quelques erreurs, entre autres sur l’établissement des communes, erreurs que M. Julia pourra rectifier en relisant les Lettres sur l’Histoire de France, de M. A. Thierry. Il pourra aussi s’assurer, dans le commerce de l’illustre écrivain, que l’histoire ne s’écrit pas sur le mode du dithyrambe, et qu’un style simple, naturel et sans prétention n’est pas une des moindres qualités que doive poursuivre un jeune écrivain.
— LONDRES ET LES ANGLAIS DES TEMPS MODERNES, par le docteur Bureaud-Riofrey[1]. – Pour être pompeux, ce titre-là n’en est pas plus clair, et c’est seulement après avoir lu l’introduction que l’on commence à comprendre la pensée de l’auteur. Médecin français établi à Londres, M. Bureaud prétend rendre service à son pays natal en lui faisant mieux connaître son pays d’adoption. Il professe une admiration sans bornes pour le second, et trouve le premier si dépourvu qu’il n’y a, d’après lui, qu’une raison qui puisse en expliquer le salut : Dieu, dit-il, protége la France ; c’est l’opinion des pièces de cent sols ; elle n’a jamais compromis personne. M. Bureaud espère nous tirer de cette infériorité en nous proposant le grand modèle, de civilisation qu’il a sous les yeux ; il l’étudie par tous les côtés et remonte le cours des siècles pour assister à l’enfantement progressif des merveilles qu’il admire : c’est ainsi qu’il a déjà représenté, dans un autre ouvrage, Londres au temps des Romains et Londres au moyen-âge. L’époque comprise dans celui-ci va de 1688 jusqu’au consulat ; M. Bureaud s’arrête tout court en 1800 ; c’est une date, ce n’est point une fin.
Si M. Bureaud, utilisant les connaissances spéciales qu’il possède, nous eût raconté fidèlement l’état sanitaire, les vicissitudes matérielles, les conditions d’hygiène physique par lesquelles a passé la vaste cité qu’il habite, il eût pu nous tracer un tableau à la fois intéressant et instructif malheureusement l’ambition l’a pris d’être un historien politique, en même temps qu’un faible bien naturel le tenait attaché aux détails les plus particuliers de la science médicale. L’Angleterre a, selon son expression, fait deux présens au monde : la
- ↑ Deux fol. in-8o, Paris, Truchy.