EN POLOGNE.
Il y a quelques mois à peine, l’Europe entière avait les yeux fixés sur la Pologne. Spectateurs découragés d’une lutte trop inégale, les plus sincères amis de ce malheureux peuple ne prévoyaient pour lui que de nouveaux malheurs ; la réalité devait dépasser toutes les prévisions. On pouvait certes imaginer de quel côté serait la victoire, et l’on savait que les gros bataillons ne feraient point miséricorde. On s’attendait peut-être à la ruine définitive de ces pactes illusoires si souvent déjà et si outrageusement déchirés ; mais devait-on s’attendre à voir un gouvernement régulier exploiter l’insurrection et récompenser l’assassinat ? Il paraîtrait pourtant que ce n’est point encore là le terme de nos tristes surprises On étouffe maintenant, au fond de ces pays fermés, tout le retentissement d’un si lamentable triomphe, et cependant il semble certain que l’histoire n’en est pas finie ; nous craignons qu’il ne se prépare des extrémités plus funestes en même temps que plus étranges, et, bien qu’elles soient cette fois concertées par les victimes pour atteindre et envelopper les bourreaux, nous les déplorons à l’avance : c’est en diminuer le péril que de les signaler.
- ↑ Paris, chez J. Renouard, 1846.