connaître le Christ que vous avez envoyé. Nous regardons comme notre droit et notre devoir d’examiner et de travailler avec notre raison tout ce qui se présente à titre de religion. Nous estimons qu’il y a eu, depuis les apôtres, différentes manières d’entendre le christianisme, et qu’il en doit être ainsi d’après la diversité de l’esprit humain, que c’est donc la volonté, de Dieu ; nous honorons toute opinion qui mène à des œuvres honnêtes, et, la tenant pour légitime, nous n’accusons personne d’hérésie. Nous pensons que trois choses suffisent à la perpétuité du christianisme et au développement de ses bénédictions : la divinité de son caractère, l’éternel besoin du cœur humain, la liberté de l’esprit ; nous pensons qu’il ne lui faut pas d’autre secours pour qu’il se forme bientôt en accord avec le temps une seule église et un seul troupeau. Nous considérons comme notre première et plus importante obligation de persévérer fidèlement et purement dans notre charge et dans notre vie. Nous nous le promettons les uns aux autres comme nous l’avons depuis long-temps promis à Dieu. Nous nous réjouissons à l’idée que notre croyance et nos efforts s’appuient sur le fondement de l’église protestante, lequel est toujours Christ, suivant ce que dit l’apôtre : Personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, et celui-là est Jésus-Christ. Voilà pourquoi nous nous appelons les amis protestans. »
L’abbé Ronge fit vraiment un bien autre fracas le jour où il apparut dans le monde. Il fulmina contre Rome avec la violence de Luther, comme si Luther, revenant de ce temps-ci, eût encore dû se mettre en ces terribles colères. Il y eut un moment de surprise. On s’arrêta autour du déclamateur, puis on passa, et il se retrouve dans le désert. C’est une idée profonde de M. de Maistre que les grandes choses commencent toujours à petit bruit. Ces obscurs pasteurs de campagne conférant ainsi dans l’ombre et la retraite, sans vues lointaines, sans ambition systématique, uniquement pour sauvegarder leur conscience, ce sont les premiers instigateurs de cette vaste réforme ecclésiastique qui préoccupe aujourd’hui tous les gouvernemens de l’Allemagne, et dont il est impossible de prévoir tous les résultats. Qu’était-ce cependant que la base de leur communauté naissante ? Une règle de conduite beaucoup plus qu’une règle de foi. Ils n’affectaient aucunement la rigueur des prescriptions dogmatiques, ils se laissaient guider par cette sagesse vulgaire de leur siècle, qui en est arrivée, dans ces graves questions, à saisir les points par où les opinions religieuses se rejoignent, en négligeant, en oubliant les points où elles s’écartent. Ils traçaient une large route que tous pouvaient suivre, parce que chacun y avait la place qui lui convenait sans être obligé de s’isoler. Si maintenant ou veut voir plus avant dans le cœur des amis protestans et s’éclairer davantage sur leurs sentimens intimes, il faut prendre encore les Bekenntnisse