d’une montagne creusée par un torrent, tantôt la vallée où ce torrent se précipite. Les masses d’eau qui sillonnent les montagnes dans toutes les directions, et souvent cachent entièrement les crestones, entraînent avec elles des fragmens de roches métalliques, les broient, les triturent, et en arrachent les morceaux d’or qu’ils contiennent. Anguleuses au sortir de la pierre qui les renfermait, ces pepitas, comme les galets de la mer, s’usent, s’arrondissent par le frottement, et, transportées quelquefois à de grandes distances par les eaux qui les charrient, finissent par ne présenter plus qu’une surface polie et dépourvue d’arêtes. Cependant, surchargées de sable et de détritus argileux, elles ne diffèrent guère au sortir de l’eau des cailloux ordinaires : il faut qu’un lavage leur rende leur brillant et leur poli. L’or natif ne se trouve pas seulement dans les eaux des torrens, mais dans leur lit desséché, et sur le penchant des montagnes qui ont gardé trace de leur passage. Quelle doit être la richesse de certains filons si l’on en juge par le volume de quelques-uns de ces précieux fragmens qu’un hasard aveugle a fait trouver à des gens qui ne les cherchaient pas ! Des fortunes considérables datent ainsi de ces merveilleuses trouvailles qui rappellent les contes des fées. D’insoucians aventuriers, en fouillant dans les cendres du feu éteint d’un bivouac, ont découvert des morceaux d’or d’une prodigieuse grosseur dont la chaleur avait enlevé l’enveloppe terreuse. D’autres ont vu des cailloux informes jeter tout à coup sous leurs pieds une lueur éblouissante, tandis que certains gambusinos, par une recherche active de tous les jours, trouvent à peine dans leur travail de quoi subvenir aux besoins de la vie.
Presque toute la distance qui sépare, du sud au nord, Hermosillo du dernier préside, ou préside de limite, appelé presidio de Tubac, — c’est-à-dire un rayon de quatre-vingt-dix lieues, — est formée de ces terrains d’alluvion où l’or se trouve en abondance. D’après les curieuses descriptions de placeres d’or que j’entendais journellement faire à Hermosillo, je ne crus pouvoir mieux employer des loisirs forcés qu’en explorant moi-même tout ce rayon. Avant de commencer mon excursion, je tenais cependant à avoir quelque idée du pays que je comptais parcourir ; je dus consulter à cet égard un Espagnol depuis long-temps fixé dans la province, et dont j’avais fait la connaissance à Hermosillo. L’Espagnol me donna des renseignemens topographiques très complets, que je me bornerai ici à résumer rapidement.
Une chaîne de montagnes assez élevées commence à quelques lieues d’Hermosillo, et court du sud au nord. Au pied des premières hauteurs de la chaîne, à l’est de la ville, le rio San-Miguel se divise en deux branches : la première conserve le nom du fleuve ; la seconde s’appelle le rio de los Uris. Les deux branches baignent chacune les vallées creusées au bas de la chaîne qui s’élève entre elles : le rio San-Miguel