se chargea d’incorporer Bologne aux États-Romains : deux chirographes du saint père suffirent à anéantir toutes les franchises de l’une des villes les plus turbulentes de la renaissance.
Nous arrivons au dernier résultat de la restauration guelfe et gibeline, à l’influence qu’elle eut sur les mœurs non-seulement des familles régnantes, mais de l’aristocratie en général. Sous la triple action des municipes, de l’église et de l’empire, l’aristocratie ne donna au pays que des magistrats, des chanoines et des capitaines. Les premiers, courtisans ridicules, sont toujours prêts à changer d’opinion au gré du maître ; les capitaines entrent dans les armées de l’empereur, où ils continuent la tradition anti-nationale des Colonna par les Piccolomini, les Strozzi, les Montecuccoli, condottieri plus ou moins illustres qui désertent leur pays, où l’on finit par abhorrer naïvement le métier du soldat. Les seules illustrations nationales sont celles de l’église. La dévotion s’empare de l’Italie en décadence. On fonde des couvens, on multiplie les aumônes. Les saint Charles Borromée, les saint Philippe de Néri, nous représentent cette ère nouvelle. Toute la vieille Italie est mise à l’index comme profane et païenne. La littérature est proscrite. L’esprit de la renaissance, banni des livres, ne résiste plus que dans les mœurs. L’énergie et les prétentions des familles enlevées brusquement aux préoccupations politiques éclatent dans des aventures individuelles ; les nobles s’entourent de bravi, de bandits ; dans le royaume de Naples, ils s’allient contre le peuple avec les brigands, qu’il lancent comme une force politique au milieu des mouvemens révolutionnaires. Chose singulière, la religion, implacable vis-à-vis de la littérature, demeure courtoise en ce qui touche aux mœurs. Elle a des ménagemens plus aimables, pour les égaremens de l’amour italien. Les grands pécheurs ne fondent-ils pas des monastères ? D’ailleurs, cette noblesse italienne au XIIIe siècle avait été presque une noblesse de robe, ces hommes de guerre et de sang étaient amis de Pétrarque ; ils lisaient l’Arioste. En vérité, c’était par clémence que Louis-le-More et les Borgia n’envoyaient pas aux galères les mauvais poètes. Les poètes congédiés au XVIIe siècle, il fallut bien s’entourer de musiciens et de bouffons, il fallut que l’amour remplaçât l’art, et le poignard servit à dénouer des intrigues galantes, après avoir si souvent terminé des luttes politiques.
Les Médicis et les Gonzagues sont les plus fidèles représentans des mœurs de la décadence italienne. Pour comprendre cette triste époque, il suffit de jeter les yeux sur les derniers princes de la dynastie florentine. Côme, le premier de la branche moderne des Médicis, était fils du dernier condottiere : son père le fit jeter encore enfant du haut d’une fenêtre pour interroger le sort. Voyant que le petit Côme ne s’était pas cassé le cou, il en tira bon augure. En effet, Côme signa quatre cents