quasi-gibeline de Milan pour organiser l’unité italienne. Si elle a échoué dans cette tâche, ce n’est pas faute d’hommes supérieurs. En cent cinquante ans, la famille des Visconti avait compté six grands politiques, Othon, le fondateur de la dynastie, Mathieu, qui la rétablissait sur le trône, Luchino le conquérant, enfin Bernabos, Jean Galéas et Philippe-Marie, dont les efforts eurent un but commun. Les Sforza, qui avaient remplacé les Visconti ne leur cédaient ni en énergie ni en adresse. Cette famille de paysans s’était élevée rapidement au pouvoir par la gloire militaire. Les Sforza. en cinquante ans, donnaient à Milan un grand capitaine et un grand politique, François Sforza et Louis-le-More. Que manquait-il donc aux Visconti et aux Sforza ? Ni la hardiesse ni le génie assurément ; mais l’unité qu’ils proposaient à l’Italie ne représentait aucun droit, et les villes la repoussaient de toute leur force comme la tyrannie d’une famille, tyrannie aussi illégale que violente. De là les crises fédérales, de là, en 1447, l’établissement de la république à Milan, la conspiration des républicains qui assassinent le fils de François Sforza, et l’attitude des populations frémissantes sous Louis-le-More, qui accueillent Louis XII comme un libérateur. D’ailleurs, le duché était un chef de l’empire, la tradition impériale se trouvait encore assez forte pour ouvrir les portes de l’Italie à l’empereur ; partout l’idée d’une nationalité italienne était si faible, que personne n’accusait de trahison les Colonna et les Trivulzio, qui combattaient contre le pays à la tête des armées impériales ou françaises.
La domination de l’Italie, qui avait échappé à la seigneurie gibeline de Milan pouvait-elle appartenir aux républiques ? En d’autres termes celles-ci s’appuyaient-elles sur une idée assez forte pour donner naissance à un droit ? Certes le développement des forces républicaines fut rarement poussé plus loin que dans l’enceinte de Florence La noblesse fut un titre de proscription, les familles aristocratiques expulsées dans les soulèvemens y furent en partie réduites à labourer la terre pour vivre. La dictature même des podestats, jadis exercée par des princes à Florence, disparut complètement dans la magistrature du gonfalonier, dont les fonctions duraient deux mois, et dont les pouvoirs étaient fort limités. La liberté se trouvait-elle garantie ? Nullement. Quand on rasa les châteaux, Florence resta une ville de châteaux, ses palais devinrent autant de forteresses ; quand on brisa la féodalité, les gonfaloniers anoblirent les grandes familles de la bourgeoisie ; les gros bourgeois (popolani grassi) formèrent une nouvelle aristocratie profondément détestée par la plèbe des artisans et par la noblesse, dont l’influence ne fut jamais anéantie. Cette bourgeoisie, désarmée comme toutes les bourgeoisies italienne, dut soudoyer, désarmée comme toutes les bourgeoisies italiennes, dut soudoyer les condottieri, payer les petits princes pour combattre les ennemis, et à la fin elle se trouva prise entre deux forces également hostiles, la plèbe et l’ancienne