se rendre en pèlerinage au sanctuaire de la Madonna del Monte, près de Varese. Benitos qui prend en pitié les faiblesses superstitieuses de son pauvre neveu, va à la rencontre de Jean jusqu’aux portes de Milan, presque sans cortége ; mais le pèlerin était un traître : Bernabos, saisi par les satellites de Jean Galéas, fut jeté dans une prison où il mourut avec deux de ses fils. Quant au timide neveu, il monta sur le trône ducal, prix de sa trahison.
Une fois maître de Milan, Jean Galéas commença par demander au pape le titre de roi d’Italie. Ayant essuyé un refus, il se rua sur Florence, sur Bologne, il mit en déroute les troupes pontificales ; la force, l’argent, les coups d’état, tous les moyens lui étaient bons ; il prit Sienne, Pise, Pérouse, Bologne ; il enleva Vérone aux Della Scala, Padoue aux Carrare ; il conspirait à Lucques, et menaçait Venise. Jean Galéas avait-il fondé un royaume ? Non : son œuvre chancelait par la base. Jean Galéas n’avait été légitimé qu’en 1395, son règne n’avait été qu’une longue réaction gibeline, et après sa mort, en 1402, pendant la minorité de ses fils, les villes et les familles s’unissaient dans une insurrection atteignait Lodi, Bergame, Pavie. Qu’elle avait été la politique de Jean Galéas ? Celle de l’unité. Il avait voulu relever le royaume des Longobards, et n’avait réussi qu’à déchaîner toute l’Italie contre sa famille. Venise, Florence, Rome, le Montferrat, envahissaient à la fois les états qu’il léguait à son faible successeur. Les auxiliaires que Jean Galéas avait employés tournèrent contre lui comme sa politique. Il s’était appuyé sur les forces mobiles des condottieri, et à sa mort cinq condottieri se jetaient sur les terres des Visconti : Othon Terzi enlevait Parme, Plaisance, Reggio ; Facino Cane occupait Novare Tortone et Alexandrie ; Malatesta prenait Brescia ; Colleoni s’emparait de Trezzo, Gabrino Fondulo de Crémone. La crise fédérale qu’on vit alors éclater développa dans toute l’Italie une agitation sans égale : les seigneurs, les condottieri, les prétendans, s’entrechoquaient dans l’Italie du nord ; l’anarchie régnait dans l’Italie centrale. Il n’était plus question du pape, ni de l’empereur ; les destinées des deux arbitres de l’Italie féodale furent un moment entre les mains du condottiere Gabrino Fondulo, qui faillit les précipiter du haut de la cathédrale de Crémone, où il les avait réunis. Les dépouilles de l’empire étaient l’objet de toutes les convoitises, et, tandis qu’on se disputait les lambeaux de cette riche proie, l’idée de la royauté italienne, exclue de la Lombardie, retrouvait à Naples un nouveau représentant dans la personne du roi Ladislas, qui prenait pour devise : Aut Cesar, aut nihil. Maître de Naples et de l’Italie centrale, Ladislas s’avançait vers le nord à la grande terreur de Florence, quand il mourut empoisonné. Naples retomba bientôt dans son