la langue italienne, elle naît en Sicile à la cour de Frédéric II, le descendant de Frédéric Barberousse. Enfin, qu’on interroge la pésie, le premier chant de la muse nationale fut l’épopée gibeline de Dante, et, depuis, la littérature, au-delà des monts, se développa en maudissant les papes. L’unité gibeline, le droit de l’empereur, était donc l’idée populaire, poétique, l’idée du droit civil, par conséquent l’idée qui devait prévaloir dans l’émancipation politique de l’Italie contre la théocratie du moyen-âge. Cependant la suprématie de l’empereur en Italie devait s’user comme celle du roi de France sur son vassal d’Angleterre. Tandis que la contradiction entre les papes et la papauté faisait la faiblesse de Rome, l’opposition entre les intérêts de l’Allemagne et ceux de la péninsule faisait la faiblesse de l’empereur. Le jour vint où le parti gibelin prit la place du chef de l’empire, de même que le parti guelfe prenait la place du chef de l’église. Ici encore la force de l’idée gibeline au-delà des Alpes se montre tout entière. Ecelino d’Onara et de Romano, en se substituant à Frédéric II, rêve la gloire de Charlemagne ; Massino II della Scala, en profitant d’un revers de Jean de Bohême, se croit sur le point de s’emparer de l’Italie ; Castruccio Castracani, en se mettant à la place de Louis de Bavière, pense à son tour fonder une royaume d’Italie par le prestige de l’idée impériale. Toutes ces tentatives avortèrent cependant, et, au déclin du moyen-âge, la mission nationale échut à une république guelfe qui se substituait aux pontifes à une seigneurie gibeline qui se substituait à l’empire. De là Florence et Milan.
Au point de vue italien, l’histoire de Milan se divise en trois périodes : celles des Torriani, des Visconti et des Sforza. Un jour, l’armée de Milan, battue par Frédéric II à Cortenova, fut accueillie et ravitaillée par les Torriani, comte de Valsassina. A partir de ce moment, il s’établit une amitié toute gulfe et patricarcale entre le bas peuple de la ville et les châtelains de Valsassina. Ceux-ci vinrent habiter Milan, ils furent podestats, ils expulsèrent les nobles (1257) ; cinquante patriciens furent égorgés le même jour sur le tombeau de Pagnanino de la Torre. Les Torriani jetaient ainsi les fondemens d’une seigneurie guelfe qui aurait embrassé Lodi, Como, Novare, Verceil, Bergame. Malheureusement ils étaient entourés de forces gibelines. L’archevêché de Milan était gibelin, et l’archevêque Othon Visconti, appuyé sur l’alliance féodale du marquis de Montferrat, chassa à son tour la famille des Torriani. La dysnastie gibeline commença par renfermer six Torriani dans des cages. Mathieu, le successeur d’Othon, dut céder à la réaction guelfe ; remplacé par les Torriani, il partit pour l’exil, attendant, disait-il, que les crimes de la famille rivale et victorieuse surpassassent ceux des Visconti. Henri VII ramena Mathieu à Milan, en 1314, imposant la paix aux deux familles ennemies. Sur ces entrefaites, une trahison éclata : probablement les Visconti poussèrent