une guerre continuelle qui échoue quatre fois et aboutit à un schisme. Le concile de Constance au XVe siècle veut rétablir la papauté avec Martin V, et deux papes sont successivement dépossédés ; deux condottieri, Bracio Mantone et François Sforza, occupent les États-Romains ; les scandales se multiplient, et c’est par le terrible scandale des Borgia que s’achève au XVIe siècle la restauration de l’église. Ce n’était pas la papauté qui était faible, c’étaient les papes. La papauté, mille fois au-dessus de l’aristocratie romaine, était la magistrature universelle de la chrétienté, la dictature morale de l’Europe, l’unité du moyen-âge ; mais, comme seigneur de Rome, le pape fut son propre ennemi : il fut souvent l’homme le plus coupable de la chrétienté. La contradiction entre les papes et la papauté devint si évidente, qu’elle passa à l’état d’axiome, et prendre la place des pontifes. Il en résultat que les marquis d’Este, Naples, Bologne, Florence surtout le centre des guelfes, rejetèrent au second rang l’autorité du pape, la soumettant à la politique du parti d’abord, pour sacrifier ensuite le parti lui-même à l’intérêt de chaque état.
La constitution de l’unité italienne par l’autorité impériale a été infiniment plus vigoureuse, plus naturelle, plus légale. Sans remonter à l’empire romain, sans parler du couronnement de Charlemagne, en écartant les traités et les vicissitudes accidentelles pour n’interroger que la conscience des peuples, il est évident que l’Italie, avant les républiques, était profondément impériale. L’empereur était le roi des Romains, il avait à Rome son tribunal, et il y jugeait en dernier ressort, tandis que dans les diètes d’Italie il était le justicier des princes et des villes. Les villes lombardes insurgées, en guerre contre Frédéric Barberousse, n’osaient pas l’attaquer les premières, malgré l’avantage de la position, car elles redoutaient l’accusation de haute trahison. La paix de Constance consacrait encore les droits de l’empereur après la victoire de Legnano ; les villes de la Haute-Italie prêtaient serment de fidélité à Frédéric II. Plus tard, l’empereur Henri VII, avec deux mille hommes, soulevait une réaction gibeline depuis Milan jusqu’à Rome. Louis de Bavière renouvelait le mouvement gibelin en 1327, et par la suite il n’y eut pas d’empereur, même vaincu et en déroute, qui ne pût rançonner des villes, nommer des vicaires, vendre cent diplômes, en un mot légaliser les usurpations des princes et des républiques de l’Italie. Quand la moitié des familles, dans les républiques, arborait le drapeau impérial, quand aucun guelfe n’osait contester la suzeraineté de l’empereur, de tels faits n’étaient pas assurément sans signification. Nous le répétons, toute l’Italie du moyen-âge était profondément impériale : qu’on interroge les jurisconsultes, et les disciples d’Irnérius répondront à la diète de Roncaille que tout est à l’empereur ; qu’on interroge