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du moyen-âge ou de la renaissance, à la plus grande gloire de ses héros, mériteraient-ils moins de dédain et plus d’attention. D’ailleurs les jugemens de M. Litta sont-ils à leur place dans des arbres généalogiques ? s’accordent-ils entre eux ? Je m’arrête, je n’ai pas le courage de critiquer sévèrement une œuvre conçue avec tant d’indépendance, poursuivie à travers des obstacles qu’il est facile de deviner. J’aime mieux laisser ses franches coudées au généalogiste italien. L’histoire de l’aristocratie italienne reste à faire d’un point de vue tout nouveau essayons de le prouver.


I. – LA FEODALITE ET LES REPUBLIQUES

L’origine de toute caste est double : elle tient à un fait et à une idée. Le fait qui élève un petit peuple d’élus au-dessus de la masse est pour ainsi dire personnel : ce sera une conquête, une invasion, une surprise, ce sera l’action lente et séculaire du commerce ; ici il n’y a pas de lois, c’est à l’histoire de chercher les causes accidentelles qui ont livré les ressources du pouvoir à un petit nombre de privilégies. Le fait posé, la caste règne, elle s’organise, elle est envahissante, ses traditions sont sacrées, ses droits incontestés ; elle seule est libre, elle enlève au plus grand nombre le droit de combattre, d’agir et de penser, pour garder les terres et les armes comme un monopole héréditaire. Alors se présente une nouvelle question : comment se fait-il que des familles peu nombreuses puissent déshériter toute une nation ? Les faits accidentels ne fournissent à cette question qu’une réponse insuffisante : on a beau désarmer les peuples et construire des citadelles ; si l’inégalité n’était acceptée et adoptée, la caste ne paraîtrait que pour figurer un instant comme une troupe de brigands et périr aussitôt dans une insurrection universelle. Loin de combattre les castes, les peuples les défendent, les protègent malgré l’inégalité, malgré l’oppression, et il faut que la tyrannie touche au comble pour soulever les premières réactions. Ce ne sera donc ni dans les accidens des races, ni dans ceux des invasions et du commerce, que l’on trouvera les causes de cette domination séculaire des castes : ces accidens fournissent, il est vrai, les élémens de la caste : mais pour organiser, pour vivifier ces élémens, pour fonder la caste en un mot, il faut des convictions, il faut une idée.

Une seule pensée gouverne la féodalité du moyen-âge en Europe comme en Italie. Le monde romain n’avait pu résister à ce monstrueux accident de la barbarie, il fut envahi, déchiré, dissous ; mais les convictions qui avaient animé ce grand corps ne périrent pas avec lui. Il croyait à la justice des Césars, et il livra les titres de rois et d’empereurs aux chefs de la conquête ; il croyait à une justice politique, n’importe laquelle, et il accepta la hiérarchie militaire des barbares ; il était chrétien,