principale du livre, la passion de De Vere pour Mount-Sorel, il reste encore un récit d’amour plein de grace, et des caractères esquissés, sinon terminés, de main de maître. Clarisse n’est pas une héroïne vulgaire. L’affaissement de sa jeunesse captive, qui s’écoule entre deux femmes apathiques et sérieuses ; son innocente amitié pour Edmond, sentiment doux et vague, où se devine le besoin d’une affection plus vive : le soudain épanouissement de cette ame, quand un être mieux doué, plus animé, plus attachant, — esprit plus délié, volonté plus ferme, — la convie à des joies, à des souffrances dont elle est avide, tout cela compose une figure charmante, dont l’ensemble se grave naturellement et sans effort dans la pensée du lecteur. Reginald, Edmond, ont également leurs physionomies, étudiées d’après nature, et dont le contraste fait valoir les reliefs finement accusés
Somme toute, les Contes de deux Vieillards et Emilia Wyndham avaient commencé, pour l’auteur de Mount-Sorel, une réputation d’élite que ce dernier roman est appelé à consolider. Nous avons pensé qu’il nous appartenait de constater ces heureux débuts, sans chercher à soulever le voile derrière lequel le nouveau romancier se dérobe aux applaudissemens et aux critiques. On annonce de lui un roman historique (The Father Darcy), et, si ce quatrième ouvrage ne dément pas les promesses de ses aînés, il est probable que nous aurons à revenir sur l’appréciation d’un talent aimable et chaste, à qui nous aurons rendu, des premiers, les hommages dont il est digne.
E. D. FORGUES.