de Michel-Ange qui remplissent le fond du tableau ont su elles-mêmes se plier à la discipline d’un savant clair-obscur. Les objets en saillie, comme le dais du trône pontifical, ont tout le relief nécessaire, et ne se confondent pas avec les peintures du fond. Les objets inanimés sont eux-mêmes subordonnés aux personnages, qui, bien que de petite dimension, jouent cette fois le premier rôle, et s’emparent tout aussitôt de l’attention. Ce tableau a la tournure d’un Titien sévèrement dessiné, mais d’une gamme de couleur un peu affaiblie.
Vers 1824, M. Ingres, décidé à revenir en France, voulut préparer son retour par un coup d’éclat. Il exposa au salon de cette même année trois tableaux et plusieurs portraits. L’un de ces tableaux, le Vœu de Louis XIII, était le plus important que M. Ingres eût encore composé, et c’est un de ses meilleurs ouvrages. L’effet fut grand et répondit à l’attente de l’artiste. La critique ne désarma pas, elle accusa le peintre de réminiscence : c’était couvrir sa retraite ; cinq ans plus tôt, on eût crié au plagiat. La Madone de Saint-Sixte avait, disait-on, fourni à l’artiste le motif de sa composition. L’observation était fondée, mais les reproches auxquels elle servait de prétexte n’étaient pas mérités. Se pénétrer du grand sentiment de Raphaël, rappeler un de ses chefs-d’œuvre en restant original, n’est pas un mérite si commun. Imiter ainsi, c’est créer. On loua généralement l’ordonnance à la fois simple et majestueuse de la composition, et l’on accorda même au peintre une qualité que jusqu’alors on lui avait refusée, le mérite de l’exécution. Aujourd’hui nous devons ajouter que la figure de la Vierge, qui rappelle en effet les madones de Raphaël, est une des plus heureuses inspirations de l’art moderne appliqué aux sujets religieux. André dal Sarte et les contemporains de Raphaël n’auraient pas mieux fait. L’attitude a de la grandeur ; la physionomie réunit à la douceur de la femme la majesté de la mère du Christ ; la pose de l’Enfant-Jésus est gracieuse et noble ; on reconnaît l’Enfant-Dieu. La disposition des lignes et le modelé de ces deux figures, qui occupent le centre de la composition, a quelque chose de magistral. Il y a là un souvenir des meilleures productions de l’école romaine. Les anges qui soulèvent les deux côtés du rideau sort dessinés avec beaucoup d’élégance. La figure du roi Louis XIII, vu de dos, et dont on n’aperçoit que le profil, se lie sans effort au reste de la composition. Malheureusement les bras, qui présentent à la Vierge le sceptre et la couronne, manquent de souplesse dans leur élan, et l’ensemble de la royale figure est écrasé sous le poids d’un manteau dont les plis, savamment étudiés, ne dissimulent qu’imparfaitement la lourdeur. Les deux petits anges placés en avant du roi, et qui tiennent l’inscription, paraissent n’avoir été mis là que pour combler un trop grand vide. Ils sont dessinés avec grace et précision, mais modelés avec une mollesse qui n’est pas ordinaire à l’auteur. Cette composition était