part et d’autre, qui toutes tournaient dans ce cercle sans issue. L’unique résultat de cette discussion fut la rupture des négociations pendantes, et la solution de la question fut indéfiniment ajournée.
Cependant chaque jour voyait se renouveler les mêmes querelles, les mêmes conflits, relativement à l’exécution de la convention de 1826. Les autorités locales prêtaient plus ouvertement encore que par le passé leur appui au débarquement des esclaves sur tous les points de la côte, et même dans les environs de Rio-Janeiro. Le mauvais vouloir du gouvernement brésilien ne tarda pas à se traduire d’une manière plus grave dans le sein de la commission mixte siégeant à Sierra-Leone. il y avait déjà long-temps que celle de Rio-Janeiro ne fonctionnait plus en réalité. Pour bien comprendre la nature de cette nouvelle complication, il faut se rappeler que ces commissions devaient se composer de deux juges, l’un anglais, l’autre brésilien ; chacun d’eux avait un suppléant qui servait au besoin d’arbitre. Lorsque les deux commissaires tombaient d’accord, tout était dit : la sentence d’acquittement ou de condamnation suivait son cours naturel ; mais, lorsqu’il y avait dissidence, ce qui arrivait presque toujours lorsqu’il s’agissait d’un bâtiment brésilien, on avait recours à l’arbitrage de l’un des deux juges suppléans désigné par le sort. D’après la lettre de la convention, pour qu’un navire capturé fût déclaré de bonne prise, il fallait qu’il eût des esclaves à bord. Hors ce cas, les commissaires brésiliens se prononçaient toujours pour l’acquittement ; les commissaires anglais, au contraire, condamnaient tout navire qui, bien qu’il n’eût pas des esclaves à bord, pouvait être convaincu, sur les plus faibles indices, d’avoir été équipé pour la traite. Le sort seul décidait donc de la condamnation ou de l’acquittement, car l’arbitre consulté ne manquait jamais de se ranger à l’opinion émise par son compatriote. La commission de Sierra-Leone avait jusque-là rempli sa tâche d’une manière satisfaisante ; mais, à la suite de ces conflits entre les deux gouvernemens, le commissaire brésilien, profitant d’une de ces discussions sur la lettre et l’esprit de la convention qui se renouvelaient à chaque séance, déclara que désormais, quelles que fussent les apparences de la culpabilité des bâtimens capturés, il condamnerait seulement ceux qui auraient des esclaves à bord. Le commissaire anglais prit acte de cette déclaration et en instruisit lord Aberdeen, qui répondit que non-seulement il fallait continuer de condamner les navires sur le fait de leur équipement pour la traite, mais que sur le refus du commissaire brésilien il fallait passer outre et mettre le navire capturé en adjudication. Alors les deux commissaires brésiliens, sans doute sur les instructions de leur gouvernement, protestèrent contre cette décision arbitraire, et quittèrent sans retard Sierra-Leone.