dans l’esprit de M. Vasconcellos lui-même ; mais M. Vasconcellos est trop fin pour avoir commis un mensonge si manifeste, sans autre but que de faire une simple bravade. Je ne doute pas qu’il ne se soit exprimé de la sorte afin de donner plus de crédit aux dénégations que le gouvernement brésilien croirait devoir opposer aux reproches mérités par son indifférence, sinon par sa mauvaise volonté dans la répression de la traite. Votre seigneurie doit se préparer à voir le gouvernement brésilien refuser absolument d’admettre que les importations d’esclaves ont augmenté pendant la période désignée par M. Vasconcellos. »
De son côté, M. Hamilton adressait la note suivante, le 7 avril, au gouvernement brésilien : « Dans une des dernières séances du sénat impérial, un membre distingué de cette chambre et du conseil d’état a avancé qu’il n’avait pas été importé un seul Africain au Brésil dans le cours des douze derniers mois. Il a ajouté que, le Brésil ayant été stigmatisé, dans la chambre des lords, comme un pays livré à ce trafic illicite, il était du devoir du gouvernement brésilien de repousser cette calomnie offensante pour la nation. Il a en outre provoqué une enquête sur les individus signalés comme étant engagés dans le commerce des noirs, déclarant en même temps que ce commerce avait entièrement cessé. Pour repousser cette étrange assertion, le soussigné prend la liberté de répondre par un relevé bien incomplet sans doute des négriers qui ont débarqué leurs cargaisons sur la côte du Brésil, aux environs de Rio-Janeiro, depuis le 1er novembre 1842 : ils sont au nombre de 39. A raison de 300 nègres chacun, ce qui est une moyenne très modérée, ces 39 navires ont débarqué 11,700 esclaves. La moyenne véritable est de 450 Africains par négrier, ce qui porte à 17,550 le nombre de ceux qui ont été importés aux environs de Rio-Janeiro dans le courant des cinq derniers mois. Si ces chiffres sont exacts, ainsi que le soussigné a lieu de le croire, l’assertion contraire produite dans le sénat est évidemment erronée, et toutes les déductions que M. Vasconcellos en a tirées pèchent par la base. Pour mieux démontrer que la traite est le commerce ordinaire et permanent d’un grand nombre de négocians dans les diverses parties de l’empire, le soussigné appelle l’attention du gouvernement brésilien sur les faits suivans : il existe, dans le voisinage de Fernambuco et de Bahia, des établissemens où l’on reçoit les noirs nouvellement importés, et où on leur apprend la langue du pays, avant de les amener ici sur des navires côtiers, pour les mettre en vente. A Macahé sont également des établissemens où les navires qui ont quitté Rio-Janeiro sur lest, afin d’échapper aux croiseurs, vont faire leur chargement, et où ils trouvent l’équipement nécessaire à leur trafic criminel. Des établissemens semblables ont aussi été formés récemment au sud de Santos. Dans ce même lieu et aux environs, ce commerce prend chaque jour de plus grands développemens. Les noirs de traite y sont