une voie d’eau. « Rien ne porte à croire d’ailleurs, ajoute M. Aureliano, que ce navire fût employé à la traite des noirs. » Et cependant les officiers et l’équipage du Partridge ont vu débarquer plusieurs centaines de noirs enchaînés deux à deux. Les autorités brésiliennes étaient présentes, et c’est sous les fenêtres même de la maison où elles étaient réunies que les esclaves ont été mis à terre. Ma réponse à M. Aureliano a été très brève : l’expérience a démontré combien il est inutile d’entrer en discussion sur des faits de ce genre. D’ailleurs, je désirais vivement ne pas prolonger une correspondance qui aurait eu pour effet d’augmenter l’irritation du gouvernement brésilien contre la Grande-Bretagne, et par suite les difficultés qui paraissent entourer la mission de M. Ellis. »
Un autre sujet de dissentiment vint bientôt irriter les blessures du gouvernement brésilien. Le 28 janvier suivant, M. Aureliano adressait à la légation britannique des plaintes très vives sur la conduite de M. Christie, capitaine du croiseur anglais la Rose. Cet officier, en visitant un navire suspect, avait brisé le sceau des armes du Brésil pour prendre connaissance du manifeste de ce navire. Le ministre brésilien considérait cet acte, indispensable, on va le voir, à la recherche autorisée par la convention de 1826, comme une atteinte portée à la dignité de l’empire. « Jamais, disait-il, insulte plus grave n’a pu être faite à sa majesté l’empereur du Brésil et à la nation brésilienne. Le gouvernement de l’empereur demande la satisfaction que lui doit le gouvernement de la reine d’Angleterre. » M. Hamilton répondit : « Il paraît que la douane brésilienne est dans l’usage de sceller du sceau de l’état les manifestes des navires ; mais toute personne chargée d’exercer le droit de recherche doit pouvoir briser ce cachet pour examiner les pièces qu’il renferme. Si, pour des raisons fiscales ou pour tout autre motif, le gouvernement brésilien croit devoir persister dans l’usage de sceller les manifestes, il doit au moins en délivrer un duplicata revêtu de signatures qui en garantissent l’authenticité. Faute de prendre ce soin, les officiers commis à la répression de la traite n’auront d’autre alternative que de reconduire le navire au port d’où il est parti, afin que les autorités compétentes brisent le cachet apposé au manifeste. » Toutefois M. Hamilton qualifiait d’excessif le zèle qu’avait montré en cette circonstance le capitaine de la Rose, et annonçait que des mesures seraient prises pour prévenir le renouvellement de tout acte semblable. Cette conduite prudente fut nettement désapprouvée par lord Aberdeen. « Je regrette, disait ce ministre dans une dépêche du 3 mai 1843, je regrette d’avoir à vous faire observer que le contenu de votre note au ministre brésilien n’est pas de nature à donner au gouvernement de l’empereur une idée juste de la manière dont le gouvernement de sa majesté britannique envisage la conduite de l’officier qui a été l’objet