bill de lord Grenville reçut la sanction royale le 25 mars 1807, et, dès le 15 avril suivant, le secrétaire d’état pour les affaires étrangères du cabinet qui avait succédé à celui de lord Grenville, M. Canning, chargeait le représentant anglais près la cour de Lisbonne de demander au gouvernement portugais de suivre l’exemple donné par l’Angleterre, et sinon d’abolir, tout au moins de restreindre la traite des noirs à certaines parties de la côte occidentale de l’Afrique. Cette proposition parut si étrange, qu’on ne jugea pas même devoir la repousser dans les formes accoutumées. Le gouvernement anglais, changeant alors de langage et abusant du besoin que le Portugal avait de son appui contre la France, déclara qu’il se proposait de stipuler, dans le traité d’alliance qui se négociait entre les deux puissances, l’abandon graduel et dans un court délai l’abolition définitive de la traite par le Portugal, et en outre l’engagement de défendre immédiatement à ses sujets de fournir des esclaves aux colonies étrangères. En même temps, pour prouver à la cour de Lisbonne qu’il ne lui restait qu’à courber la tête et à obéir, un ordre du conseil autorisait les croiseurs britanniques à capturer tous les navires portugais qu’ils rencontreraient avec des esclaves à bord dans les parages étrangers à la couronne de Portugal.
Malheureusement le cabinet de Lisbonne n’était pas en situation de résister aux impérieuses exigences de l’Angleterre. Dans l’intervalle, le territoire portugais avait été occupé par une armée française, et le souverain lui-même avait été forcé de chercher un asile dans ses possessions transatlantiques ; aussi, par l’article 10 du traité d’amitié et d’alliance conclu à Rio-Janeiro le 19 février 1810, le gouvernement portugais ne put-il refuser de reconnaître l’injustice de la traite des noirs, et de s’engager à coopérer avec la Grande-Bretagne à l’abolition de ce trafic. — Désormais, était-il stipulé dans cet article, il serait interdit aux sujets portugais de faire le commerce des esclaves sur la côte d’Afrique, au nord de l’équateur. — Le cabinet anglais exigea en outre le renoncement aux dispositions du traité de 1654, en vertu duquel le pavillon portugais avait été exempté de la visite des croiseurs britanniques. Dans le fait, ces concessions se réduisaient à très peu de chose : les possessions du Portugal au sud de la ligne où la traite demeurait licite étaient depuis long-temps les principaux marchés où toutes les nations s’approvisionnaient d’esclaves ; mais c’était un premier pas, et le cabinet anglais s’en servit comme d’un point de départ pour réclamer l’abolition complète de la traite selon l’engagement formulé dans le traité même. Ne pouvant l’obtenir, il arracha, le 24 novembre 1813, un décret qui défendait aux négriers portugais et brésiliens de transporter plus de deux esclaves et demi par tonneau.
Le rétablissement de la paix générale ouvrait un vaste champ aux desseins de l’Angleterre, et la réunion des grandes puissances maritimes