Et le pape, la tête ceinte d’une triple couronne, s’agenouille sur les marches de l’autel et garde l’immobilité d’une statue.
L’homme vêtu de pourpre s’écrie : « Sortez tous, afin que personne ne périsse sous les ruines de ces murailles. »
Et tous ont répondu : « Conduis-nous, toi qui nous as sous ta protection. »
Et un cri de frayeur s’éleva, car de plus en plus les voûtes s’affaissaient, s’écrasaient, les piliers tremblaient et chancelaient, et les lampes se brisaient, et le vent les éteignait.
Alors l’homme vêtu de pourpre, s’approchant du pape : « Mon père, est-ce que vous voulez rester ici ? »
Le vieillard, levant les mains et soutenant sa couronne, répondit d’une voix douloureuse : « Je veux mourir ici ; — laisse-moi, mon fils. »
Et le peuple tout entier, entendant cette réponse, s’écria : « Sauvons-nous ! »
Et les Romains les premiers commencèrent à fuir.
Et chaque légion de pèlerins, descendant de son autel, se mit à fuir avec son étendard.
Alors l’homme vêtu de pourpre, s’agenouillant pour la dernière fois, posa ses lèvres sur le front du vieillard et, avec un signe de bénédiction, dessina autour de la tiare comme un feston d’une lumière pâle et livide. Puis il descendit, et sa tête rayonnait d’une lumière merveilleuse, et il se dirigea vers les portes de l’église. L’immense basilique pliait et craquait par secousses comme un corps qui agonise au milieu des convulsions ; mais l’homme vêtu de pourpre soutenait avec sa main levée les voûtes déchirées et pendantes, regardant partout jusqu’à ce que le dernier du peuple fût sorti.
Et passant à côté des Polonais, il leur dit : « Hommes, suivez-moi. »
Ils ne répondirent rien.
De nouveau il retourna la tête et dit : « Suivez-moi. »
Ils n’ont pas fait un mouvement.
Et lorsqu’il s’approchait de la porte, chassant devant lui le peuple, comme un pâtre son troupeau, pour la dernière fois il fit vers eux un signe de la main.
Quant à eux, ils ont levé leurs sabres la pointe en l’air, comme s’ils voulaient soutenir ces voûtes qui s’écroulaient, et tous ensemble ont crié : « Nous ne quitterons point ce vieillard ; il est amer de mourir seul ; et qui donc mourra avec lui, si ce n’est nous ? Vous tous, retirez-vous ; — nous ne savons pas fuir, nous ! »
L’homme vêtu de pourpre s’est arrêté sur le seuil ; de loin il fait sur eux le signe de bénédiction, et alors sur eux aussi vient se suspendre une couronne de lumière pâle et livide, et, avec une larme dans les yeux, il leur dit : « Un instant encore, et vous allez périr ! »
Mais déjà ils se dirigeaient vers le maître-autel, tendant les mains au vieillard agenouillé et mourant : ils marchaient enveloppés de leurs manteaux blancs, et tenant en main leurs sabres luisans. Et les quatre piliers du grand autel se sont rompus et sont tombés, comme des arbres abattus par la hache ; et le baldaquin de bronze s’est détaché et est aussi tombé, et la blanche coupole, se détachant tout entière, comme un monde, s’est précipitée à terre.
Les portiques tous ensemble, et le palais du Vatican, et les colonnes de la cour, se brisaient, se détachaient, et tombaient en poussière ; et les deux fontaines,