C’était la veille de Noël ; il m’a semblé que je sortais par une des portes de Rome et que je m’en allais à travers la campagne. Les tombeaux des païens se chauffaient aux doux rayons du soleil. C’était le matin. Le ciel comme toujours était pur, et comme depuis des siècles triste était le désert.
Tout le jour j’ai marché soutenu par une force d’esprit. Tant qu’ils ont pu, les vieux aqueducs m’ont suivi, mais je suis allé plus loin. Les lierres, comme de vertes crèches du Christ, s’agitaient épars sur les augustes et saintes ruines. Au-dessus de ma tête passaient des nuées d’oiseaux blancs, à mes pieds couraient les lézards. Le bruit de la mer commença de m’appeler !
Et quand je me suis arrêté sur la dernière montagne, et qu’enfin j’ai aperçu les eaux, le soleil se couchait déjà. Et sur la mer au loin était une tache noire vivante et qui semblait toujours grandir et s’avancer vers moi. Enfin, quand le soleil eut disparu, cette tache était devenue énorme, et la brume commença à tomber.
C’était un grand navire sombre, sans mâts ni voiles, secouant les vagues et jetant l’écume avec ses roues ; du milieu sortait une colonne de fumée flottant au loin dans l’infini de l’horizon.,
La nuit devenait toujours plus sombre, et lui, comme un noir fantôme, se balance en mugissant sur l’eau. Deux feux se sont allumés sur l’avant, et du pont une voix s’est écriée : « Est-ce aujourd’hui la nuit de Noël ?
Et moi, effrayé en esprit, j’ai répondu : « En vérité, c’est aujourd’hui la nuit de Noël. » Et tout de suite le navire s’arrêta au bord, une pâle vapeur se répandit au-dessus de lui ; des scories enflammées, des étincelles, jaillirent de ses flancs, et le pont fut éclairé pour un instant d’une lumière rouge.
Il y avait des figures avec des bonnets rouges et des manteaux blancs. Puis j’ai entendu comme un grincement de chaînes, et il me semblait que du navire un pont avait été jeté sur le rivage, et au milieu de l’obscurité des figures s’y précipitaient en avançant vers moi.
Et, quand elles furent près de moi, d’une seule et immense voix elles me demandèrent : « Où est le chemin qui conduit à Rome ? »