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domestique, à ses libertés et à ses autels ; mais le dernier mot de cette lutte a été dit à l’honneur de la France et de la Bretagne, la bataille est achevée, et il n’y a point de vaincus. Parmi ces fragmens poétiques, il en est un qui est l’admirable symbole du présent : c’est le Temps passé. Les Bretons, dit la ballade, ont fait un berceau d’ivoire et d’or ; ils y ont mis le passé, et le soir, sur la montagne, ils le balancent en pleurant au-dessus de leurs têtes comme un père devenu fou qui berce son enfant mort depuis long-temps. Ces Chants populaires ne peuvent-ils être comparés à ce berceau merveilleux où gît le passé de la Bretagne enveloppé dans sa poésie ? CH. de M.


— GRAMMAIRE RAISONNÉE DE LA LANGUE OTTOMANE, par James W. Redhouse[1]. -L’étude des langues orientales était autrefois reléguée dans le domaine de l’érudition ; sur la foi de M. Jourdain, le public proclamait le turc une belle langue, mais se gardait bien de l’apprendre. Cependant les services publics étaient négligés, et pendant long-temps nos échelles du Levant ont été presque toutes desservies par des drogmans grecs, juifs ou arméniens. Aujourd’hui plus que jamais, les liens étroits qui rattachent l’empire ottoman à la politique européenne, les relations commerciales chaque année plus étendues, nous mettent dans la nécessité de former pour nos consulats un corps d’interprètes exclusivement français. La sollicitude du gouvernement s’est tournée de ce côté. Il a multiplié les chaires et les cours publics ; d’autre part, les travaux de plusieurs orientalistes distingués ont contribué à vulgariser la connaissance des idiomes turc et arabe. M. Redhouse, entre autres, vient de publier une grammaire turque qui résume et complète heureusement les travaux de ses prédécesseurs, Meninski, Viguier, M. Jaubert. M. Redhouse est connu déjà par d’importantes recherches philologiques ; il a long-temps vécu en Orient, et une pratique constante de la langue turque lui a permis d’enrichir son ouvrage du fruit de ses propres observations. Des anciens traités mis jusqu’à présent entre les mains des étudians, les uns étaient trop élémentaires, les autres trop scientifiques. La nouvelle grammaire de M. Redhouse nous paraît destinée à les remplacer dans les écoles ; il aura comblé ainsi une lacune depuis long-temps signalée dans l’enseignement des langues orientales.



V. de Mars.
  1. Un volume, chez Gide, rue des Petits-Augustins.