en rapports suivis avec les principaux chefs de l’aristocratie, ses parens et ses amis, dont l’opposition systématique et les conférences secrètes préoccupaient si vivement le gouvernement de Bruxelles et la cour de Madrid. Comme la plupart des gouverneurs de provinces, il finit par déclarer qu’il n’avait ni la possibilité ni la volonté de mettre à exécution les édits relatifs à l’hérésie, et par offrir une démission qu’on n’accepta pas. Lorsque la noblesse en corps vint demander à la duchesse de Parme, par une adresse menaçante, la cessation des persécutions religieuses, il s’unit au prince d’Orange, aux comtes d’Egmont et de Horn et au marquis de Berghes, pour demander qu’on fît bon accueil aux pétitionnaires, au lieu de les repousser violemment, comme le conseillaient quelques personnes. On ne cite pourtant de lui aucun fait particulier qui autorise à le considérer comme ayant pris une part quelconque aux complots qui préparèrent la révolution des Pays-Bas.
La gouvernante s’étant décidée à envoyer en Espagne, comme elle l’avait déjà fait plusieurs fois, des personnages considérables pour éclairer le roi sur l’état des choses et lui exposer les vœux de l’opinion publique, Montigny fut encore choisi pour cette mission avec le marquis de Berghes. Il hésita cette fois à l’accepter, et, le marquis de Berghes s’étant fait par accident une blessure qui le força quelque temps à garder le lit, il en profita lui-même pour retarder son départ. Les instances réitérées de la duchesse de Parme le décidèrent pourtant à ne pas attendre son collègue. Il arriva à Madrid le 17 juin 1566. L’abolition de l’inquisition, l’adoucissement des édits portés contre les hérétiques, l’extension des attributions du conseil d’état, la convocation des états généraux, enfin un voyage du roi à Bruxelles, telles étaient les mesures qu’on l’avait chargé de solliciter. Philippe II, cette fois encore, l’accueillit avec beaucoup d’affabilité, et lui accorda un grand nombre d’audiences dans lesquelles il lui dissimula soigneusement son irritation. Il affectait de lui communiquer toute sa correspondance avec la gouvernante, et de l’appeler souvent au conseil particulier où se traitaient les affaires des Pays-Bas. Montigny y plaidait avec une chaleureuse fermeté la cause dont on l’avait constitué l’avocat ; il insistait pour des concessions et des actes de clémence, moyens infaillibles, selon lui, de concilier au roi l’amour et la soumission des Flamands. Tous ces pourparlers cependant restaient sans résultat. On attendait, disait-on, pour entrer sérieusement en matière, l’arrivée du marquis de Berghes, encore retenu à Bruxelles par l’état de sa santé. Il arriva enfin, et les délibérations parurent prendre plus d’activité.
Sur ces entrefaites éclatèrent les premières révoltes, qui décidèrent la cour de Madrid à jeter enfin le masque et à confier au duc d’Albe la mission terrible dont nous avons vu les funestes conséquences. Les deux négociateurs, voyant la direction nouvelle que prenaient les affaires, témoignèrent