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de cause finale ne soit pas dans l’esprit humain, qu’elle n’ait pas son rôle et son emploi dans la science, et non-seulement dans cette haute science qui reconnaît en Dieu une cause intentionnelle, principe premier et fin dernière de l’univers, mais aussi dans la science de la nature ? J’en appelle ici à Keppler, à Linné, à Leibnitz, à Maupertuis, à Euler. J’en appelle à Harvey, qui a découvert la circulation du sang par une application du principe des causes finales. J’en appelle à Bacon lui-même, qui a écrit, je le sais, contre les causes finales un mot ingénieux, mais qui, en retranchant à la physique la recherche des fins, la rendait expressément à la métaphysique, son vrai domaine, distinguant ainsi la sphère des deux sciences, sans en sacrifier aucune, divisant le travail de l’esprit humain sans en briser l’harmonie, sans en compromettre l’unité.

Veut-on savoir où conduit en dernière analyse la négation absolue des causes finales ? Après avoir entendu Descartes, qu’on écoute Spinoza. Du maître qui déjà s’égare, mais que sa forte et sobre nature retient encore, qu’on aille à l’audacieux et intempérant disciple. L’auteur de l’Éthique nous dira que l’idée de fin est une chimère, comme l’idée du bien et du mal, comme celle du libre arbitre, et que tous les êtres, l’homme comme les autres, se développent suivant les lois nécessaires de leur nature. Je signale cette conséquence à MM. Comte et Littré ; elle est particulièrement propre, si je ne me trompe, à les faire réfléchir. Tous deux ont le plus vif désir de sauver la morale du naufrage des idées absolues, tous deux repoussent la triste doctrine de l’intérêt, tous deux reconnaissent des principes de conduite supérieurs à l’égoïsme ; mais la logique est plus forte que les intentions les plus honorables. Si l’homme n’a pas été créé pour une fin, s’il agit suivant les lois fatales de son organisation, comme l’eau coule, comme le sang circule, c’en est fait de toute idée de bien et de mal, de toute liberté, de toute responsabilité morale.

Voilà le dernier terme où conduit la simple négation des idées absolues. Il nous reste à voir si MM. Comte et Littré ont été plus heureux contre la métaphysique.


V.

Les préventions du XVIIIe siècle contre la métaphysique subsistent encore aujourd’hui dans beaucoup d’esprits. Il importe de les dissiper. Que les amis de l’indépendance de l’esprit humain le sachent bien : sacrifier la métaphysique, c’est sacrifier la philosophie tout entière ; c’est retrancher à la pensée libre non-seulement son plus noble droit, mais celui qui fonde et consacre tous les autres.

Parmi les faux préjugés qui empêchent la métaphysique de reprendre