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la philosophie positive.

aura peut-être quelques chances de les désarmer, et en tout cas éclaircira et précisera le débat.

Il le faut avouer, les psychologues se sont laissé quelquefois entraîner à une double illusion : ils ont cru et ils ont dit que la psychologie était une science nouvelle : ils ont cru et ils ont dit que les faits de conscience étaient absolument séparés et indépendans des faits organiques. Pour comprendre ces deux erreurs de quelques psychologues, il faut remonter assez haut dans l’histoire ; il faut se rendre compte de la situation de l’école écossaise au XVIIIe siècle, car c’est de l’Écosse que ces deux erreurs nous sont arrivées.

Ce qui a suscité l’école écossaise, c’est le scepticisme de Hume. À ce pénétrant et ferme génie, à ce puissant douteur, il ne suffisait pas d’opposer l’autorité du sens commun ; il fallait une méthode, une méthode régulière, précise, rigoureuse, inaccessible aux atteintes du scepticisme. Or, au XVIIIe siècle, et sur la terre qui avait porté Bacon et Newton, quelle méthode était plus naturellement indiquée que celle à qui depuis un siècle et demi les sciences physiques et naturelles devaient leur prodigieux essor et leurs imposantes découvertes, je veux dire la méthode d’observation et d’induction. Les Écossais conçurent l’idée de transporter cette méthode avec toute son exactitude et toute sa rigueur dans le domaine des sciences morales, convaincus que ces regulæ philosophandi, qui avaient conduit la pensée de Newton à la découverte de la loi universelle de la matière, n’auraient pas une moindre vertu pour atteindre les lois les plus cachées de l’esprit. Les faits moraux, les faits de conscience ont beau être différens des faits physiques, ce sont des faits, et partant l’observation peut les atteindre, l’expérience s’y appliquer, l’induction en tirer les plus infaillibles conséquences. Épris de cette grande idée, les Écossais la crurent nouvelle. Ils pensèrent de la meilleure foi du monde que tout était à recommencer en philosophie, et qu’une nouvelle ère allait s’ouvrir pour elle, qui serait marquée par les plus étonnantes découvertes. Ce fut un premier tort, une première source d’illusions. Les Écossais firent une autre faute, celle d’exagérer la séparation des deux classes de faits qu’ils avaient justement distingués, et aussi l’identité des méthodes qui conviennent à chacune d’elles.

Lorsqu’en 1813, du haut de cette chaire encore peu entourée, mais auprès de laquelle grandissait dans l’ombre toute une école philosophique, M. Royer Collard vint attaquer en face le condillacisme, déjà ébranlé, et qui cherchait à se sauver en se tempérant par l’ingénieuse théorie de Laromiguière, il pensa avec raison que rien ne pouvait être opposé avec plus d’avantage au sensualisme que cette forte et simple méthode écossaise, qui fonde sur l’observation la plus exacte le spiritualisme le plus pur. Comme Reid, M. Royer Collard crut que cette mé-