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la philosophie positive.


III.

La philosophie positive se pique d’une haute exactitude. Sévère pour toute hypothèse, elle prétend ne reconnaître d’autre autorité que celle de l’observation. Or, elle commence par une hypothèse énorme et par un démenti formel donné à l’expérience. Elle soutient en effet que tous les phénomènes de l’univers sont essentiellement homogènes, c’est-à-dire qu’à travers mille différences réelles, ils sont tous également observables par les sens.

Voilà une classe entière et immense de faits rejetés ou altérés dès le début : savoir, les faits psychologiques. De quel droit, je le demande ? Soutient-on qu’il n’y a de faits possibles que ceux qui tombent sous les sens ? Qu’on le prouve. Serait-ce qu’au fond on est convaincu qu’il n’y a que des substances matérielles ? Mais c’est là un système de métaphysique, le plus grossier de tous, j’en conviens aisément, mais enfin c’est un système, et l’on a cependant la prétention d’être parfaitement désintéressé en fait de systèmes, de ne croire qu’aux faits. Ce désintéressement, on l’abandonne ; cette religion des faits, on la viole. On se débarrasse d’une classe de phénomènes qui paraît gênante, et on s’en débarrasse au nom d’un système.

Je sais ce que répondra la philosophie positive ; elle nous mettra au défi de prouver l’existence des faits psychologiques, elle s’armera contre nous de toutes les objections, de toutes les antipathies dont la psychologie et la méthode psychologique sont aujourd’hui l’objet.

En vérité, la psychologie a eu du malheur depuis ces quarante dernières années : elle a réuni contre elle les adversaires les plus divers. Que Gall, Broussais, et à leur suite ce nombreux troupeau de matérialistes intraitables qui se recrute au sein des sciences physiologiques et médicales, aient attaqué la psychologie, rien de plus simple ; mais qu’on ait vu les philosophes catholiques, un Bonald, un La Mennais, et leurs récens imitateurs, descendre dans la même arène et prodiguer les mêmes outrages à une science qui est l’unique base et le plus ferme rempart du spiritualisme, c’est un des plus étonnans scandales qu’aient donnés à notre temps les défenseurs de l’église. Triste effet de l’esprit de parti ! il associe les doctrines les plus contraires ; ici, par exemple, il donne pour auxiliaires à la philosophie catholique ces diverses écoles nées du saint-simonisme qui se rallient autour des noms de Fourier, de M. Pierre Leroux, de M. Buchez.

Que d’adversaires contre la psychologie ! Mais je m’aperçois que j’en oublie, et non pas des moins acharnés, je veux parler des philosophes allemands. Chose curieuse, ceux-ci nous accusent, non pas comme font MM. Comte et Littré, de nous égarer dans l’abstraction, mais d’être trop