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la philosophie positive.

tièrement les autres. Mais, si la philosophie est admirable contre les religions, elle ne peut, comme elles, rien construire de définitif. Quand elle a renversé les idées religieuses, son rôle est fini, et elle périt dans son triomphe.

La commune faiblesse du régime religieux et du régime métaphysique se laisse reconnaître aujourd’hui à des signes irrécusables. Aucun système de religion, aucun système de métaphysique ne parviennent à rallier les esprits ; le christianisme se dissout en vingt communions différentes : la métaphysique se divise en cent écoles opposées. Un autre symptôme plus expressif encore de leur décadence, c’est l’égale impossibilité d’une nouvelle religion et d’une métaphysique nouvelle. Que pourrait-on trouver, en fait de religion, de plus propre à contenter et à charmer l’imagination que le catholicisme ? Et comment concevoir un tissu d’abstractions plus uni, plus simple et plus fort que le panthéisme de Spinoza ou celui de Hegel ? Dans le catholicisme, le régime religieux a trouvé son point de perfection, comme, dans le panthéisme, le régime métaphysique a atteint le sien. Aussi voyez à l’œuvre ceux qui veulent maintenir ce double régime. Prophètes ridicules du passé, les catholiques nous proposent pour avenir les institutions et les idées du moyen-âge ; de leur côté, les philosophes se jettent dans l’histoire et l’érudition, et prétendent bâtir sur les débris de systèmes pour jamais abattus l’édifice ruineux d’un éclectisme impraticable.

Inutiles efforts de deux régimes condamnés à périr par la force irrésistible des choses ! Depuis trois siècles, un esprit nouveau s’est répandu dans le monde. À travers mille obstacles, il s’étend de jour en jour et pénètre partout. Avec Kopernic et Keppler, il s’est emparé depuis long-temps de l’astronomie. Galilée, Descartes, Bacon, l’introduisirent dans la physique, et Boerhaave lui conquit le domaine des sciences physiologiques et médicales. À la fin du XVIIIe siècle, il a créé la chimie par les mains de Lavoisier. De nos jours enfin, Bichat l’a définitivement établi dans la science de la vie. Cet esprit nouveau, c’est l’esprit de la philosophie positive. Au lieu de rechercher les essences des choses, il étudie les choses elles-mêmes ; à la place des jeux stériles de l’abstraction, il institue les recherches précises et fécondes du calcul. Il tient en bride l’imagination au lieu de lui donner carrière. Il pèse, calcule, observe. Son caractère éminent, c’est de démontrer tout ce qu’il affirme, de pouvoir trouver tout ce qu’il cherche, de savoir ignorer tout ce qu’il ne peut découvrir.

Toutes les sciences ont passé tour à tour par le régime religieux et par le régime métaphysique avant d’arriver au régime positif. En astronomie, l’imagination conçut d’abord des génies, des anges, chargés de conduire ces sphères immenses et de présider à leurs évolutions ; c’étaient, comme dit Platon, les chœurs de danse des dieux immortels.