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méthodes générales qui doivent régler sa marche, fixer le but que sa nature lui impose d’atteindre et au-dessus duquel elle lui défend de s’aventurer, tel est le vaste dessein que la philosophie positive entreprend d’exécuter. Elle veut donner tout ensemble au XIXe siècle son De Augmentis et son Novum Organum.

Quel est le principe de cette tentative d’organisation ? Il est très simple : c’est que l’esprit humain, dans son vol le plus hardi comme dans ses démarches les plus humbles, ne doit et ne peut se proposer d’autre objet que des faits visibles et palpables, d’autre fin que la découverte de leurs lois.

L’organisation des sciences peut rencontrer deux obstacles : ou bien l’esprit humain, sortant de son domaine naturel, s’égare à la poursuite d’objets inaccessibles, ou bien, restant dans son domaine, mais s’y gouvernant mal et ne sachant pas l’embrasser tout entier, il néglige, mutile, nie des classes réelles de faits. Ces deux causes ont également concouru à retarder l’organisation des sciences. Long-temps l’esprit humain a méconnu sa véritable portée, ses vrais besoins et le secret de sa puissance. Il a traversé deux régimes intellectuels pendant lesquels ses forces se sont consumées dans l’explication de mystères impénétrables. Ces deux régimes sont le régime des religions et le régime des systèmes de métaphysique. La religion promet à l’homme de l’élever au-dessus de la nature pour l’introduire au sein d’un monde nouveau dont elle lui dévoile les merveilles en attendant qu’elle lui en fasse goûter les félicités. Elle lui enseigne l’origine des choses, les desseins de la Divinité sur le monde et sur l’homme, les secrets de l’avenir. La métaphysique n’est pas moins fertile en hautes promesses. Armée de l’abstraction, elle s’élance au-delà des faits, au-delà de l’espace et du temps, et croit atteindre les premiers principes de l’existence. Le réel et le possible, le nécessaire et le contingent, l’enchaînement des causes, elle cherche, explore, pénètre tout. Naïve et généreuse audace que l’expérience vient désabuser ! Ni l’abstraction et sa puissance, ni l’imagination et ses prestiges ne peuvent contenter la raison de l’homme. Elle cherche un guide meilleur, un travail moins stérile : ce guide, c’est l’observation aidée du calcul ; ce travail, c’est l’exploration et la conquête de la nature. Nous atteignons l’avènement du régime positif, âge mûr de l’humanité.

Telles sont les trois phases du développement de la raison. Elle commence par le régime religieux, traverse le régime métaphysique, et, après cette double épreuve, aboutit au régime positif. La religion est la nourrice du genre humain ; elle exerce ses premiers pas, excite et encourage ses premiers élans ; mais, par l’effet même de ses soins assidus, elle devient inutile. L’enfant devenu adulte demande un lait plus fort ; aux songes dont on l’a bercé il oppose de nouveaux songes, plus suivis et mieux réglés, et qui ont surtout la vertu de dissiper en-